L'eau qui se précipite en énorme volume, Heurtant l'angle des rocs sur leur base tremblants, Avec de longs cris sourds roule en tourbillons blancs C'est le fleuve qui prend sa course dans la brume.
A Mlle *** Voici le Printemps, la saison des roses. Plus de rameaux nus, de gazons jaunis ; Plus de froids matins ni de soirs moroses Voici le Printemps et ses jours bénis.
L'onde majestueuse avec lenteur s'écoule ; Puis, sortant tout â coup de ce calme trompeur, Furieux, et frappant les échos de stupeur, Dans l'abîme sans fond le fleuve immense croule.
Au détour du courant où le flot qui la ronge Embrasse les contours de l'Ile d'Orléans, Comme une tombe énorme, entre deux géants, La blanche cataracte au fond du gouffre plonge.
A Mlle C.D. Qui n'aime à visiter ta montagne rustique, O lac qui, suspendu sur vingt sommets hardis, Dans ton lit de joncs verts, au soleil resplendis, Comme un joyau tombé d'un écrin fantastique ?
O frais miroir ! Sa nappe humide se découpe Dans les sables un lit paisible au creux d'un val ; Des montagnes lui font un cadre sans rival, Et dans son flot dormant doublent leur ronde croupe.
C'est un bloc écrasant dont la crête surplombe Au-dessus des flots noirs, et dont le front puissant Domine le brouillard, et défie en passant L'aile de la tempête ou le choc de la trombe.
Robuste, et largement appuyé sur sa base, Le colosse trapu s'avance au sein des flots ; Sur son flanc tout couvert de pins et de bouleaux Un nuage s'étend comme un voile de gaze.
A mon ami, M. le sénateur Forget Voici le flot jaseur ; le castel est tout proche, Encadré de jardins, de bosquets, de maquis ; Un grand peintre en ferait un ravissant croquis Cet asile enchanté, c'est le Bois de la Roche.
Depuis les feux de l'aube aux feux du crépuscule, Le soleil verse à flots ses torrides rayons ; On voit pencher la fleur et jaunir les sillons Voici les jours poudreux de l'âpre canicule.