Aux pans du ciel l'hiver drape un nouveau décor ; Au firmament l'azur de tons roses s'allume ; Sur nos trottoirs un vent plus doux enfle la plume Des petits moineaux gris qu'on y retrouve encor.
Le givre étincelant, sur les carreaux gelés, Dessine des milliers d'arabesques informes ; Le fleuve roule au loin des banquises énormes ; De fauves tourbillons passent échevelés.
A Mme J.R. Thibaudeau Madame, dans la longue et brillante série Des bonheurs radieux que Dieu vous a donnés, Vous avez, comme nous, des moments fortunés, Plus ou moins caressants pour votre âme attendrie.
C'est le dernier soupir d'un monde agonisant. Venez voir ces débris des antiques peuplades, Anciens rois du désert, terribles ancelades Ecrasés sous le poids des choses d'à présent.
La neige fond partout ; plus de lourde avalanche. Le soleil se prodigue en traits plus éclatants ; La sève perce l'arbre en bourgeons palpitants Qui feront sous les fruits, plus tard, plier la branche.
C'est la fenaison ; personne ne chôme. Dès qu'on voit du jour poindre les blancheurs, En groupes épars, les rudes faucheurs Vont couper le foin au sauvage arome.
A Mlle N*** Je connais un petit ange Lequel n'a jamais mouillé Sa blanche robe à la fange Dont notre monde est souillé.
Ami, sur le flot noir ou la vague opaline, Naïfs fervents du Rêve ou jouets du Destin, Bien longtemps nous avons vers un port incertain Ouvert la même voile à la brise féline.
Le jour de son mariage Le bonheur de la vie est un fatal problème Que pour résoudre il faut, son tour venu, savoir, Comme un hardi joueur, jeter tout son avoir, Nom, honneur, avenir, sur la carte suprême.
Quand la nuit tombe, – au bord secret des étangs clairs, Où le flot balancé dans son urne trop pleine Inonde vaguement de ses pâles éclairs Un fouillis d'ajoncs verts qui tremble à chaque haleine, –