Poésie Joachim Du Bellay

Recueils de poèmes

Les Regrets

Je ne commis jamais fraude ni maléfice ,
Je ne doutai jamais des points de notre foi,
Je n’ai point violé l’ordonnance du roi,
Et n’ai point éprouvé la rigueur de justice:

J’ai fait à mon seigneur fidèlement service,
Je fais pour mes amis ce que je puis et doy,
Et crois que jusqu’ici nul ne se plaint de moi,
Que vers lui j’aye fait quelque mauvais office.
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C’est ores, mon Vineus, mon cher Vineus, c’est ore,
Que de tous les chétifs le plus chétif je suis,
Et que ce que j’étais, plus être je ne puis,
Ayant perdu mon temps, et ma jeunesse encore.

La pauvreté me suit, le souci me dévore,
Tristes me sont les jours, et plus tristes les nuits.
O que je suis comblé de regrets et d’ennuis!
Plût à Dieu que je fusse un Pasquin ou Marphore;
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N’étant de mes ennuis la fortune assouvie,
Afin que je devinsse à moi-même odieux,
M’ôta de mes amis celui que j’aimais mieux,
Et sans qui je n’avais de vivre nulle envie.

Donc l’éternelle nuit a ta clarté ravie,
Et je ne t’ai suivi parmi ces obscurs lieux!
Toi, qui m’as plus aimé que ta vie et tes yeux,
Toi, que j’ai plus aimé que mes yeux et ma vie.
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Un peu de mer tenait le grand Dulichien
D’Itaque séparé, l’Apennin porte-nue
Et les monts de Savoie à la tète chenue
Me tiennent loin de France au bord ausonien.

Fertile est mon séjour, stérile était le sien,
Je ne suis des plus fins, sa finesse est connue:
Les siens gardant son bien attendaient sa venue,
Mais nul en m’attendant ne me garde le mien.
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J’aime la liberté, et languis en service,
Je n’aime point la cour, et me faut courtiser,
Je n’aime la feintise, et me faut déguiser,
J’aime simplicité, et n’apprends que malice:

Je n’adore les biens, et sers à l’avarice,
Je n’aime les honneurs, et me les faut priser,
Je veux garder ma foi, et me la faut briser,
Je cherche la vertu, et ne trouve que vice:
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O qu’heureux est celui qui peut passer son âge
Entre pareils à soi! et qui sans fiction,
Sans crainte, sans envie et sans ambition,
Règne paisiblement en son pauvre ménage!

Le misérable soin d’acquérir davantage
Ne tyrannise point sa libre affection,
Et son plus grand désir, désir sans passion,
Ne s’étend plus avant que son propre héritage.
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C’était ores, c’était qu’à moi je devais vivre,
Sans vouloir être plus que cela que je suis,
Et qu’heureux je devais de ce peu que je puis
Vivre content du bien de la plume et du livre.

Mais il n’a plu aux dieux me permettre de suivre
Ma jeune liberté, ni faire que depuis
Je vécusse aussi franc de travaux et d’ennuis,
Comme d’ambition j’étais franc et délivre.
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Depuis que j’ai laissé mon naturel séjour
Pour venir où le Tibre aux flots tortus ondoie,
Le ciel a vu trois fois par son oblique voie
Recommencer son cours la grand lampe du jour.

Mais j’ai si grand désir de me voir de retour
Que ces trois ans me sont plus qu’un siège de Troie,
Tant me tarde, Morel, que Paris je revoie,
Et tant le ciel pour moi fait lentement son tour.
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La nef qui longuement a voyagé, Dillier,
Dedans le sein du port à la fin on la serre:
Et le boeuf, qui longtemps a renversé la terre,
Le bouvier à la fin lui ôte le collier:

Le vieux cheval se voit à la fin délier,
Pour ne perdre l’haleine ou quelque honte acquerre:
Et pour se reposer du travail de la guerre,
Se retire à la fin le vieillard chevalier:
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Comme le marinier, que le cruel orage
A longtemps agité dessus la haute mer,
Ayant finalement à force de ramer
Garanti son vaisseau du danger du naufrage,

Regarde sur le port, sans plus craindre la rage
Des vagues ni des vents, les ondes écumer:
Et quelqu’autre bien loin, au danger d’abîmer,
En vain tendre les mains vers le front du rivage:
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