Souvienne-toi, Bellay, de ce que tu es ore,
Et comme tu t’en vas, retourne-t’en ainsi.Et tel comme je vins, je m’en retourne aussi:
Hormis un repentir qui le coeur me dévore,
Qui me ride le front, qui mon chef décolore,
Et qui me fait plus bas enfoncer le sourcil.
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Qui m’a fait délaisser ma rive paternelle,
Pour voir ces monts couverts d’une neige éternelle,
Et par mille dangers ma fortune quérir.Le vrai honneur, qui n’est coutumier de périr,
Et la vraye vertu, qui seule est immortelle,
Ont comblé mes désirs d’une abondance telle,
Qu’un plus grand bien aux dieux je ne veut requérir.
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Doit croire celui-là qui a jà voyagé,
Et qui des flots marins longuement outragé,
Tout moite et dégouttant s’est sauvé du naufrage,
Tu me croiras, Ronsard, bien que tu sois plus sage,
Et quelque peu encor (ce crois-je) plus âgé,
Puisque j’ai devant toi en cette mer nagé,
Et que déjà ma nef découvre le rivage.
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Je hais du fol Siennois le sens mal arrêté,
Je hais du Genevois la rare vérité,
Et du Vénitien la trop caute malice:
Je hais le Ferrarais pour je ne sais quel vice,
Je hais tous les Lombards pour l’infidélité,
Le fier Napolitain pour sa grand’ vanité,
Et le poltron romain pour son peu d’exercice:
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Qui trouve tout bien fait, qui de tout s’émerveille,
Qui mes fautes approuve et me flatte l’oreille,
Comme si j’étais prince ou quelque grand seigneur.
Mais je me fâche aussi d’un fâcheux repreneur,
Qui du bon et mauvais fait censure pareille,
Qui se lit volontiers, et semble qu’il sommeille
En lisant les chansons de quelque autre sonneur.
Qu’il dédaigne un chacun, qu’il n’estime que soi,
Qu’aux ouvrages d’autrui il veuille donner loi,
Et comme un Aristarq’ lui-même s’autorise.
Paschal, c’est un pédant’: et quoiqu’il se déguise,
Sera toujours pédant’. Un pédant’ et un roi
Ne te semblent-ils pas avoir je ne sais quoi
De semblable, et que l’un à l’autre symbolise?
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Pensant que je n’ai rien à dire contre toi,
Sinon ce que ta rage a vomi contre moi,
Grinçant comme un mâtin la dent envenimée.
Tu crois que je n’en sais que par la renommée,
Et que quand j’aurai dit que tu n’as point de foi,
Que tu es affronteur, que tu es traître au roi,
Que j’aurai contre toi ma force consommée,
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Et souvent les bâtards sont les plus généreux,
Pour être au jeu d’amour l’homme plus vigoureux,
D’autant que le plaisir lui est plus agréable.
Le dompteur de Méduse, Hercule l’indomptable,
Le vainqueur indien et les Jumeaux heureux,
Et tous ces dieux bâtards jadis si valeureux,
Ce problème, Bizet, font plus que véritable.
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Qu’il est fidèle ami, mais quand le temps se change,
Du côté des plus forts soudainement se range,
Et du coté de ceux qui ont le mieux de quoi?
Quel est celui qui dit qu’il gouverne le roi?
J’entends quand il se voit en un pays étrange,
Et bien loin de la cour: quel homme est-ce, Lestrange?
Lestrange, entre nous deux, je te pry, dis-le-moi.
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Chatouille à son ami, sans épargner personne,
Et faisant rire ceux que même il époinçonne,
Se joue autour du coeur de cil qui le reçoit.
Si donc quelque subtil en mes vers aperçoit
Que je morde en riant, pourtant nul ne me donne
Le nom de feint ami vers ceux que j’aiguillonne:
Car qui m’estime tel, lourdement se déçoit.
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