Les Regrets

Marcher d’un grave pas et d’un grave sourcil,
Et d’un grave sourire à chacun faire fête,
Balancer tous ses mots, répondre de la tête,
Avec un Messer non, ou bien un Messer si:

Entremêler souvent un petit Et cosi,
Et d’un son Servitor’ contrefaire l’honnête,
Et, comme si l’on eût sa part en la conquête,
Discourir sur Florence, et sur Naples aussi:

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Qui choisira pour moi la racine d’Ulysse?
Et qui me gardera de tomber au danger
Qu’une Circe en pourceau ne me puisse changer,
Pour être à tout jamais fait esclave du vice?

Qui m’étreindra le doigt de l’anneau de Mélisse,
Pour me désenchanter comme un autre Roger?
Et quel Mercure encor me fera déloger,
Pour ne perdre mon temps en l’amoureux service?

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Celui vraiment était et sage et bien appris,
Qui, connaissant du feu la semence divine
Etre des animants la première origine,
De substance de feu dit être nos esprits.

Le corps est le tison de cette ardeur épris,
Lequel, d’autant qu’il est de matière plus fine,
Fait un feu plus luisant, et rend l’esprit plus digne
De montrer ce qui est en soi-même compris.

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O trois et quatre fois malheureuse la terre
Dont le prince ne voit que par les yeux d’autrui,
N’entend que par ceux-là qui répondent pour lui,
Aveugle, sourd et mut plus que n’est une pierre!

Tels sont ceux-là, Seigneur, qu’aujourd’hui l’on resserre
Oisifs dedans leur chambre, ainsi qu’en un étui,
Pour durer plus longtemps, et ne sentir l’ennui
Que sent leur pauvre peuple accablé de la guerre.

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Douce mère d’amour, gaillarde Cyprienne,
Qui fais sous ton pouvoir tout pouvoir se ranger,
Et qui des bords de Xanthe à ce bord étranger
Guidas avec ton fils ta gent dardanienne,

Si je retourne en France, ô mère idalienne,
Comme je vins ci, sans tomber au danger
De voir ma vieille peau en autre peau changer,
Et ma barbe française en barbe italienne,

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Voici le carnaval, menons chacun la sienne,
Allons baller en masque, allons nous promener,
Allons voir Marc Antoine ou bouffonner
Avec son Magnifique à la vénitienne:Voyons courir le pal à la mode ancienne,
Et voyons par le nez le sot buffle mener:

Voyons le fier taureau d’armes environner,
Et voyons au combat l’adresse italienne:

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Fuyons, Dilliers, fuyons cette cruelle terre,
Fuyons ce bord avare et ce peuple inhumain,
Que des dieux irrités la vengeresse main
Ne nous accable encor sous un même tonnerre.

Mars est désenchaîné, le temple de la guerre
Est ouvert à ce coup, le grand prêtre romain
Veut foudroyer là-bas l’hérétique Germain
Et l’Espagnol marran, ennemis de saint Pierre.

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Qui niera, Gillebert, s’il ne veut résister
Au jugement commun, que le siège de Pierre
Qu’on peut dire à bon droit un paradis en terre,
Aussi bien que le ciel, n’ait son grand Jupiter?

Les Grecs nous ont fait l’un sur Olympe habiter,
Dont souvent dessus nous ses foudres il desserre:
L’autre du Vatican délâche son tonnerre,
Quand quelque roi l’a fait contre lui dépiter.

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O que tu es heureux, si tu connais ton heur,
D’être échappé des mains de cette gent cruelle,
Qui sous un faux semblant d’amitié mutuelle
Nous dérobe le bien, et la vie, et l’honneur!

Où tu es, mon Dagaut, la secrète rancoeur,
Le soin qui comme une hydre en nous se renouvelle,
L’avarice, l’envie, et la haine immortelle
Du chétif courtisan n’empoisonnent le coeur.

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Avoir vu dévaler une triple montagne,
Apparoir une biche et disparoir soudain,
Et dessus le tombeau d’un empereur romain
Une vieille carafe élever pour enseigne:

Ne voir qu’entrer soldats et sortir en campagne,
Emprisonner seigneurs pour un crime incertain,
Retourner forussiz et le Napolitain
Commander en son rang à l’orgueil de l’Espagne:

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