Cultivons nousLa brebis et le chien, de tous les temps amis, Se racontaient un jour leur vie infortunée. Ah ! Disait la brebis, je pleure et je frémis Quand je songe aux malheurs de notre destinée. Toi, l'esclave de l'homme, adorant des ingrats, Toujours soumis, tendre et fidèle,
Un jardinier, dans son jardin, Avait un vieux arbre stérile ; C'était un grand poirier qui jadis fut fertile : Mais il avait vieilli, tel est notre destin. Le jardinier ingrat veut l'abattre un matin ;
Un bon homme de mes parents, Que j'ai connu dans mon jeune âge, Se faisait adorer de tout son voisinage ; Consulté, vénéré des petits et des grands, Il vivait dans sa terre en véritable sage. Il n'avait pas beaucoup d'écus,
À Madame De La Briche. Vous, de qui les attraits, la modeste douceur, Savent tout obtenir et n'osent rien prétendre, Vous que l'on ne peut voir sans devenir plus tendre, Et qu'on ne peut aimer sans devenir meilleur, Je vous respecte trop pour parler de vos charmes, De vos talents, de votre esprit…
Chaque dieu de ses dons s’empressa de l’orner.
Vénus, malgré sa jalousie,
Détacha sa ceinture et vint la lui donner.
Jupiter, admirant cette jeune merveille,
Craignait pour les humains ses attraits enchanteurs.
Vénus rit de sa crainte, et lui dit à l’oreille :
Elle blessera bien des coeurs ;
Mais j’ai caché dans ma ceinture
Les caprices pour affaiblir
Le mal que fera sa blessure,
Et les faveurs pour en guérir.
Les Fables Livre 1
Jean-Pierre Claris de Florian
La charge des malheurs en sera plus légère ;
Le bien que l’on fait à son frère
Pour le mal que l’on souffre est un soulagement.
Confucius l’a dit ; suivons tous sa doctrine :
Pour la persuader aux peuples de la Chine,
Il leur contait le trait suivant.
Dans une ville de l’Asie
Il existait deux malheureux,
L’un perclus, l’autre aveugle, et pauvres tous les deux.
Se promenait dans un bocage,
Et s’ennuyait suivant l’usage ;
C’est le profit de la grandeur.
Un rossignol chantait sous le feuillage :
Le prince l’aperçoit, et le trouve charmant ;
Et, comme il était prince, il veut dans le moment
L’attraper et le mettre en cage.
Mais pour le prendre il fait du bruit,
Et l’oiseau fuit.
En convenir, c’est autre chose ;
On aime mieux souffrir de véritables maux
Que d’avouer qu’ils en sont cause.
Je me souviens à ce sujet
D’avoir été témoin d’un fait
Fort étonnant et difficile à croire :
Mais je l’ai vu, voici l’histoire.
Près d’un bois, le soir, à l’écart,
Dans une superbe prairie,
Demandait à son père un jeune ambitieux.
Il est, dit le vieillard, un chemin glorieux,
C’est de se rendre utile à la cause commune,
De prodiguer ses jours, ses veilles, ses talents,
Au service de la patrie.
– Oh ! Trop pénible est cette vie,
Je veux des moyens moins brillants.
– Il en est de plus sûrs, l’intrigue… -elle est trop vile,
S’établit, pour faire bombance,
Dans le parc d’un jeune seigneur
Où lapins et perdrix étaient en abondance.
Là, ce nouveau Nemrod, la nuit comme le jour,
À la course, à l’affût également habile,
Poursuivait, attendait, immolait tour-à-tour
Et quadrupède et volatile.
Les gardes épiaient l’insolent braconnier ;
Mais, dans le fort du bois caché près d’un terrier,