Poésie Jean-Pierre Claris de Florian

Un rhinocéros jeune et fort Disait un jour au dromadaire : Expliquez-moi, s'il vous plaît, mon cher frère, D'où peut venir pour nous l'injustice du sort. L'homme, cet animal puissant par son adresse, Vous recherche avec soin, vous loge, vous chérit, De son pain même vous nourrit, Et croit augmenter sa richesse

Deux jeunes bacheliers logés chez un docteur Y travaillaient avec ardeur À se mettre en état de prendre leurs licences. Là, du matin au soir, en public disputant, Prouvant, divisant, ergotant Sur la nature et ses substances, L'infini, le fini, l'âme, la volonté,

Des laboureurs vivaient paisibles et contents Dans un riche et nombreux village ; Dès l'aurore ils allaient travailler à leurs champs, Le soir ils revenaient chantants Au sein d'un tranquille ménage ; Et la nature bonne et sage, Pour prix de leurs travaux, leur donnait tous les ans

Des singes dans un bois jouaient à la main chaude ; Certaine guenon moricaude, Assise gravement, tenait sur ses genoux La tête de celui qui, courbant son échine, Sur sa main recevait les coups. On frappait fort, et puis devine ! Il ne devinait point ; c'était alors des ris,

Les Fables Livre 2

Myson fut connu dans la Grèce
Par son amour pour la sagesse ;
Pauvre, libre, content, sans soins, sans embarras,
Il vivait dans les bois, seul, méditant sans cesse,

Et par fois riant aux éclats.
Un jour deux grecs vinrent lui dire :
De ta gaîté, Myson, nous sommes tous surpris :
Tu vis seul ; comment peux-tu rire ?
Vraiment, répondit-il, voilà pourquoi je ris.

 

Les Fables Livre 2

Jean-Pierre Claris de Florian

Cette pauvre raison dont l’homme est si jaloux
N’est qu’un pâle flambeau qui jette autour de nous
Une triste et faible lumière ;
Par delà c’est la nuit : le mortel téméraire
Qui veut y pénétrer marche sans savoir où.
Mais ne point profiter de ce bienfait suprême,
Éteindre son esprit, et s’aveugler soi-même,
C’est un autre excès non moins fou.
En Perse il fut jadis deux frères,
Adorant le soleil, suivant l’antique loi.

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Une poulette jeune et sans expérience,
En trottant, cloquetant, grattant,
Se trouva, je ne sais comment,
Fort loin du poulailler, berceau de son enfance.
Elle s’en aperçut qu’il était déjà tard.
Comme elle y retournait, voici qu’un vieux renard
À ses yeux troublés se présente.
La pauvre poulette tremblante
Recommanda son âme à Dieu.
Mais le renard, s’approchant d’elle,

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Sur la corde tendue un jeune voltigeur
Apprenait à danser ; et déjà son adresse,
Ses tours de force, de souplesse,
Faisaient venir maint spectateur.
Sur son étroit chemin on le voit qui s’avance,
Le balancier en main, l’air libre, le corps droit,
Hardi, léger autant qu’adroit ;
Il s’élève, descend, va, vient, plus haut s’élance,
Retombe, remonte en cadence,
Et, semblable à certains oiseaux

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Un pauvre petit grillon
Caché dans l’herbe fleurie
Regardait un papillon
Voltigeant dans la prairie.
L’insecte ailé brillait des plus vives couleurs ;
L’azur, le pourpre et l’or éclataient sur ses ailes ;
Jeune, beau, petit-maître, il court de fleurs en fleurs ;
Prenant et quittant les plus belles.
Ah ! Disait le grillon, que son sort et le mien
Sont différents ! Dame nature

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