Colin gardait un jour les vaches de son père ; Colin n'avait pas de bergère, Et s'ennuyait tout seul. Le garde sort du bois : Depuis l'aube, dit-il, je cours dans cette plaine Après un vieux chevreuil que j'ai manqué deux fois Et qui m'a mis tout hors d'haleine. Il vient de passer par là…
Deux frères jardiniers avoient par héritage Un jardin dont chacun cultivait la moitié ; Liés d'une étroite amitié, Ensemble ils faisaient leur ménage. L'un d'eux, appelé Jean, bel esprit, beau parleur, Se croyait un très grand docteur ; Et Monsieur Jean passait sa vie À lire l'almanach, à regarder le temps
Un chien vendu par son maître Brisa sa chaîne, et revint Au logis qui le vit naître. Jugez de ce qu'il devint Lorsque, pour prix de son zèle, Il fut de cette maison
Autrefois dans Bagdad le calife Almamon Fit bâtir un palais plus beau, plus magnifique, Que ne le fut jamais celui de Salomon. Cent colonnes d'albâtre en formaient le portique ; L'or, le jaspe, l'azur, décoraient le parvis ; Dans les appartements embellis de sculpture, Sous des lambris de cèdre, on voyait réunis
Un boeuf, un baudet, un cheval, Se disputaient la préséance. Un baudet ! Direz-vous, tant d'orgueil lui sied mal. À qui l'orgueil sied-il ? Et qui de nous ne pense Valoir ceux que le rang, les talents, la naissance, Élèvent au-dessus de nous ? Le boeuf, d'un ton modeste et doux,
Philosophes hardis, qui passez votre vie À vouloir expliquer ce qu'on n'explique pas, Daignez écouter, je vous prie, Ce trait du plus sage des chats. Sur une table de toilette Ce chat aperçut un miroir ;
Un amateur d'oiseaux avait, en grand secret, Parmi les oeufs d'une serine Glissé l'oeuf d'un chardonneret. La mère des serins, bien plus tendre que fine, Ne s'en aperçut point, et couva comme sien Cet oeuf qui dans peu vint à bien. Le petit étranger, sorti de sa coquille,
Le compère Thomas et son ami Lubin Allaient à pied tous deux à la ville prochaine. Thomas trouve sur son chemin Une bourse de louis pleine ; Il l'empoche aussitôt. Lubin, d'un air content, Lui dit : pour nous la bonne aubaine !
Certain monarque un jour déplorait sa misère, Et se lamentait d'être roi : Quel pénible métier ! Disait-il : sur la terre Est-il un seul mortel contredit comme moi ? Je voudrais vivre en paix, on me force à la guerre ; Je chéris mes sujets, et je mets des impôts ; J'aime la vérité,…
Prenez garde, mes fils, côtoyez moins le bord, Suivez le fond de la rivière ; Craignez la ligne meurtrière, Ou l'épervier, plus dangereux encor. C'est ainsi que parlait une carpe de Seine À de jeunes poissons qui l'écoutaient à peine. C'était au mois d'avril ; les neiges, les glaçons,