Quand Pandore eut reçu la vie,
Chaque dieu de ses dons s’empressa de l’orner.
Vénus, malgré sa jalousie,
Détacha sa ceinture et vint la lui donner.
Jupiter, admirant cette jeune merveille,
Craignait pour les humains ses attraits enchanteurs.
Vénus rit de sa crainte, et lui dit à l’oreille :
Elle blessera bien des coeurs ;
Mais j’ai caché dans ma ceinture
Les caprices pour affaiblir
Le mal que fera sa blessure,
Et les faveurs pour en guérir.
Chaque dieu de ses dons s’empressa de l’orner.
Vénus, malgré sa jalousie,
Détacha sa ceinture et vint la lui donner.
Jupiter, admirant cette jeune merveille,
Craignait pour les humains ses attraits enchanteurs.
Vénus rit de sa crainte, et lui dit à l’oreille :
Elle blessera bien des coeurs ;
Mais j’ai caché dans ma ceinture
Les caprices pour affaiblir
Le mal que fera sa blessure,
Et les faveurs pour en guérir.
Les Fables Livre 1
Jean-Pierre Claris de Florian
Aidons-nous mutuellement,
La charge des malheurs en sera plus légère ;
Le bien que l’on fait à son frère
Pour le mal que l’on souffre est un soulagement.
Confucius l’a dit ; suivons tous sa doctrine :
Pour la persuader aux peuples de la Chine,
Il leur contait le trait suivant.
Dans une ville de l’Asie
Il existait deux malheureux,
L’un perclus, l’autre aveugle, et pauvres tous les deux.
La charge des malheurs en sera plus légère ;
Le bien que l’on fait à son frère
Pour le mal que l’on souffre est un soulagement.
Confucius l’a dit ; suivons tous sa doctrine :
Pour la persuader aux peuples de la Chine,
Il leur contait le trait suivant.
Dans une ville de l’Asie
Il existait deux malheureux,
L’un perclus, l’autre aveugle, et pauvres tous les deux.
Un jeune prince, avec son gouverneur,
Se promenait dans un bocage,
Et s’ennuyait suivant l’usage ;
C’est le profit de la grandeur.
Un rossignol chantait sous le feuillage :
Le prince l’aperçoit, et le trouve charmant ;
Et, comme il était prince, il veut dans le moment
L’attraper et le mettre en cage.
Mais pour le prendre il fait du bruit,
Et l’oiseau fuit.
Se promenait dans un bocage,
Et s’ennuyait suivant l’usage ;
C’est le profit de la grandeur.
Un rossignol chantait sous le feuillage :
Le prince l’aperçoit, et le trouve charmant ;
Et, comme il était prince, il veut dans le moment
L’attraper et le mettre en cage.
Mais pour le prendre il fait du bruit,
Et l’oiseau fuit.
Chacun de nous souvent connaît bien ses défauts :
En convenir, c’est autre chose ;
On aime mieux souffrir de véritables maux
Que d’avouer qu’ils en sont cause.
Je me souviens à ce sujet
D’avoir été témoin d’un fait
Fort étonnant et difficile à croire :
Mais je l’ai vu, voici l’histoire.
Près d’un bois, le soir, à l’écart,
Dans une superbe prairie,
En convenir, c’est autre chose ;
On aime mieux souffrir de véritables maux
Que d’avouer qu’ils en sont cause.
Je me souviens à ce sujet
D’avoir été témoin d’un fait
Fort étonnant et difficile à croire :
Mais je l’ai vu, voici l’histoire.
Près d’un bois, le soir, à l’écart,
Dans une superbe prairie,
De grâce, apprenez-moi comment l’on fait fortune,
Demandait à son père un jeune ambitieux.
Il est, dit le vieillard, un chemin glorieux,
C’est de se rendre utile à la cause commune,
De prodiguer ses jours, ses veilles, ses talents,
Au service de la patrie.
– Oh ! Trop pénible est cette vie,
Je veux des moyens moins brillants.
– Il en est de plus sûrs, l’intrigue… -elle est trop vile,
Demandait à son père un jeune ambitieux.
Il est, dit le vieillard, un chemin glorieux,
C’est de se rendre utile à la cause commune,
De prodiguer ses jours, ses veilles, ses talents,
Au service de la patrie.
– Oh ! Trop pénible est cette vie,
Je veux des moyens moins brillants.
– Il en est de plus sûrs, l’intrigue… -elle est trop vile,
Un chat sauvage et grand chasseur
S’établit, pour faire bombance,
Dans le parc d’un jeune seigneur
Où lapins et perdrix étaient en abondance.
Là, ce nouveau Nemrod, la nuit comme le jour,
À la course, à l’affût également habile,
Poursuivait, attendait, immolait tour-à-tour
Et quadrupède et volatile.
Les gardes épiaient l’insolent braconnier ;
Mais, dans le fort du bois caché près d’un terrier,
S’établit, pour faire bombance,
Dans le parc d’un jeune seigneur
Où lapins et perdrix étaient en abondance.
Là, ce nouveau Nemrod, la nuit comme le jour,
À la course, à l’affût également habile,
Poursuivait, attendait, immolait tour-à-tour
Et quadrupède et volatile.
Les gardes épiaient l’insolent braconnier ;
Mais, dans le fort du bois caché près d’un terrier,
Que je te plains, petite plante !
Disait un jour le lierre au thym :
Toujours ramper, c’est ton destin ;
Ta tige chétive et tremblante
Sort à peine de terre, et la mienne dans l’air,
Unie au chêne altier que chérit Jupiter,
S’élance avec lui dans la nue.
Il est vrai, dit le thym, ta hauteur m’est connue ;
Je ne puis sur ce point disputer avec toi :
Mais je me soutiens par moi-même ;
Disait un jour le lierre au thym :
Toujours ramper, c’est ton destin ;
Ta tige chétive et tremblante
Sort à peine de terre, et la mienne dans l’air,
Unie au chêne altier que chérit Jupiter,
S’élance avec lui dans la nue.
Il est vrai, dit le thym, ta hauteur m’est connue ;
Je ne puis sur ce point disputer avec toi :
Mais je me soutiens par moi-même ;
Un bon mari, sa femme, et deux jolis enfants,
Coulaient en paix leurs jours dans le simple ermitage
Où, paisibles comme eux, vécurent leurs parents.
Ces époux, partageant les doux soins du ménage,
Cultivaient leur jardin, recueillaient leurs moissons,
Et le soir, dans l’été soupant sous le feuillage,
Dans l’hiver devant leurs tisons,
Ils prêchaient à leurs fils la vertu, la sagesse,
Coulaient en paix leurs jours dans le simple ermitage
Où, paisibles comme eux, vécurent leurs parents.
Ces époux, partageant les doux soins du ménage,
Cultivaient leur jardin, recueillaient leurs moissons,
Et le soir, dans l’été soupant sous le feuillage,
Dans l’hiver devant leurs tisons,
Ils prêchaient à leurs fils la vertu, la sagesse,
La mort, reine du monde, assembla certain jour,
Dans les enfers, toute sa cour.
Elle voulait choisir un bon premier ministre
Qui rendît ses états encor plus florissants.
Pour remplir cet emploi sinistre,
Du fond du noir Tartare avancent à pas lents
La fièvre, la goutte et la guerre.
C’étaient trois sujets excellents ;
Tout l’enfer et toute la terre
Rendaient justice à leurs talents.
Dans les enfers, toute sa cour.
Elle voulait choisir un bon premier ministre
Qui rendît ses états encor plus florissants.
Pour remplir cet emploi sinistre,
Du fond du noir Tartare avancent à pas lents
La fièvre, la goutte et la guerre.
C’étaient trois sujets excellents ;
Tout l’enfer et toute la terre
Rendaient justice à leurs talents.
Chloé, jeune, jolie, et surtout fort coquette,
Tous les matins, en se levant,
Se mettait au travail, j’entends à sa toilette ;
Et là, souriant, minaudant,
Elle disait à son cher confident
Les peines, les plaisirs, les projets de son âme.
Une abeille étourdie arrive en bourdonnant.
Au secours ! Au secours ! Crie aussitôt la dame :
Venez, Lise, Marton, accourez promptement ;
Chassez ce monstre ailé. Le monstre insolemment
Tous les matins, en se levant,
Se mettait au travail, j’entends à sa toilette ;
Et là, souriant, minaudant,
Elle disait à son cher confident
Les peines, les plaisirs, les projets de son âme.
Une abeille étourdie arrive en bourdonnant.
Au secours ! Au secours ! Crie aussitôt la dame :
Venez, Lise, Marton, accourez promptement ;
Chassez ce monstre ailé. Le monstre insolemment