L’eau qui jaillit de ce double rocher
Remplit ce long bassin d’une onde trépillante ;
Les frênes, les ormeaux, où viennent se percher
Linottes et serins,
Lui font une voûte ondoyante
Qui garde mieux qu’un toit
De tuiles, lorsque ainsi Sirius pique droit.
Viens goûter la fraîcheur de cette onde secrète,
Ô chère Enone, jette
Et tissus et bandeaux, ton esprit gracieux
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Remplit ce long bassin d’une onde trépillante ;
Les frênes, les ormeaux, où viennent se percher
Linottes et serins,
Lui font une voûte ondoyante
Qui garde mieux qu’un toit
De tuiles, lorsque ainsi Sirius pique droit.
Viens goûter la fraîcheur de cette onde secrète,
Ô chère Enone, jette
Et tissus et bandeaux, ton esprit gracieux
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Hier j’ai rencontré dans un sentier du bois
Où j’aime de ma peine à rêver quelquefois,
Trois satyres amis ; l’un une outre portait
Et pourtant sautelait, le second secouait
Un bâton d’olivier, contrefaisant Hercule.
Sur les arbres dénus, car Automne leur chef
A terre a répandu, tombait le crépuscule.
Le troisième satyre, assis sur un coupeau,
De sa bouche approcha son rustique pipeau,
Fit tant jouer ses doigts qu’il en sortit un son
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Où j’aime de ma peine à rêver quelquefois,
Trois satyres amis ; l’un une outre portait
Et pourtant sautelait, le second secouait
Un bâton d’olivier, contrefaisant Hercule.
Sur les arbres dénus, car Automne leur chef
A terre a répandu, tombait le crépuscule.
Le troisième satyre, assis sur un coupeau,
De sa bouche approcha son rustique pipeau,
Fit tant jouer ses doigts qu’il en sortit un son
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Autrefois je tirais de mes flûtes légères
Des fredons variés qui plaisaient aux bergères
Et rendaient attentifs celui qui dans la mer
Jette ses lourds filets et celui qui en l’air
Dresse un piège invisible et ceux qui d’aiguillons
Poussent parmi les champs les boeufs creuse-sillons.
Priape même, alors, sur le seuil d’un verger,
En bois dur figuré, semblait m’encourager.
Ma flûte ne sait plus, hélas ! me réjouir,
Mon coeur est travaillé de crainte et de désir.
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Des fredons variés qui plaisaient aux bergères
Et rendaient attentifs celui qui dans la mer
Jette ses lourds filets et celui qui en l’air
Dresse un piège invisible et ceux qui d’aiguillons
Poussent parmi les champs les boeufs creuse-sillons.
Priape même, alors, sur le seuil d’un verger,
En bois dur figuré, semblait m’encourager.
Ma flûte ne sait plus, hélas ! me réjouir,
Mon coeur est travaillé de crainte et de désir.
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Oh ! Qu’ il vienne un autre messie
Secouer l’ antique inertie,
Qu’ il vienne en ses rédemptions
Détruire l’ oeuvre de la femme
Et te faucher, désir infâme
Des neuves générations.
Secouer l’ antique inertie,
Qu’ il vienne en ses rédemptions
Détruire l’ oeuvre de la femme
Et te faucher, désir infâme
Des neuves générations.
Les Syrtes
Jean Moréas
Mais ta promesse n’ est que leurre !
Bientôt, bientôt sonnera l’ heure
Du chevalier au pied fourché,
Et nous savons bien que tu caches
Sous les velours et les panaches,
Toute la hideur du péché.
Bientôt, bientôt sonnera l’ heure
Du chevalier au pied fourché,
Et nous savons bien que tu caches
Sous les velours et les panaches,
Toute la hideur du péché.
Les Syrtes
Jean Moréas
A travers les chaudes haleines
Des tabacs et des marjolaines,
De nos voeux tu guides l’ essor
Où, dans sa fière nonchalance,
La fleur-charnelle se balance
Pareille au grand lis nimbé d’ or.
Des tabacs et des marjolaines,
De nos voeux tu guides l’ essor
Où, dans sa fière nonchalance,
La fleur-charnelle se balance
Pareille au grand lis nimbé d’ or.
Les Syrtes
Jean Moréas
Sous la comète et sous la lune,
En tunique de pourpre brune,
Très blanche avec des cheveux blonds,
Près du lac où nagent les cygnes,
Ta feinte candeur a des signes
Qui parlent des sentiers oblongs.
En tunique de pourpre brune,
Très blanche avec des cheveux blonds,
Près du lac où nagent les cygnes,
Ta feinte candeur a des signes
Qui parlent des sentiers oblongs.
Les Syrtes
Jean Moréas
Car tu sais pour damner notre âme
Faire jaillir la pure-flamme
Dans l’ oeil des hiboux et des freux ;
Tu connais les accoutumances
Des devins, et les nigromances
Et les hocuspocus affreux.
Faire jaillir la pure-flamme
Dans l’ oeil des hiboux et des freux ;
Tu connais les accoutumances
Des devins, et les nigromances
Et les hocuspocus affreux.
Les Syrtes
Jean Moréas
Expert en les dialectiques,
Tu parles et tu sophistiques
Avec ta voix de clair métal :
Et les tentations pullulent,
Et les tentations ululent
Dans l’ ombre du ravin fatal.
Tu parles et tu sophistiques
Avec ta voix de clair métal :
Et les tentations pullulent,
Et les tentations ululent
Dans l’ ombre du ravin fatal.
Les Syrtes
Jean Moréas
Pour vaincre l’ austère non-être
Tu dis aux succubes de naître,
Et de ta main tu prodiguas
Les joyaux aux prostituées,
Et les couronnes polluées
Autour du front des renégats.
Tu dis aux succubes de naître,
Et de ta main tu prodiguas
Les joyaux aux prostituées,
Et les couronnes polluées
Autour du front des renégats.
Les Syrtes
Jean Moréas