Beau Monstre de Nature, il est vray, ton visage Est noir au dernier point, mais beau parfaitement : Et l'Ebene poly qui te sert d'ornement Sur le plus blanc yvoire emporte l'avantage.
Celle dont la dépouille en ce marbre est enclose Fut le digne sujet de mes saintes amours. Las ! depuis qu'elle y dort, jamais je ne repose, Et s'il faut en veillant que j'y songe toujours.
Amarille en se regardant Pour se conseiller de sa grâce Met aujourd'hui des feux dans cette glace Et d'un cristal commun fait un miroir ardent.
Auprès de cette grotte sombre Où l'on respire un air si doux L'onde lutte avec les cailloux Et la lumière avecque l'ombre.
Je surpris l'autre jour la Nymphe que j'adore Ayant sur une jupe un peignoir seulement, Et la voyant ainsi, l'on eût dit proprement Qu'il sortait de son lit une nouvelle Aurore.
Que vous avez d'appas, belle Nuit animée ! Que vous nous apportez de merveille et d'amour ! Il faut bien confesser que vous êtes formée Pour donner de l'envie et de la honte au jour.
Telle qu'était Diane, alors qu'imprudemment L'infortuné chasseur la voyait toute nue, Telle dedans un bain Clorinde s'est tenue, N'ayant le corps vêtu que d'un moite élément.
D'où vient qu'un penser indiscret M'entretient toujours en secret D'un sujet qui m'est si contraire, Et convaincu de trahison Ne saurait jamais se distraire De me présenter du poison ?
Puisque votre Parent ne s'est peu dispensé De servir de victime au Démon de la guerre : C'est, ô belle Idalie, une erreur de penser Que les plus beaux Lauriers soient exempts du tonnerre.
Vous que l'ambition dispose à des efforts Que n'oserait tenter un courage vulgaire Et qui vous conduiriez jusqu'au séjour des morts Afin d'y rencontrer de quoi vous satisfaire.