Assis, les pieds pendants, sous l’arche du vieux pont, Et sourd aux bruits lointains à qui l’écho répond, Le pêcheur suit des yeux le petit flotteur rouge. L’eau du fleuve pétille au soleil. Rien ne bouge.
Je rêve, tant Paris m’est parfois un enfer, D’une ville très calme et sans chemin de fer, Où, chez le sous-préfet, en vieux garçon affable, Je lirais, au dessert, mon épître ou ma fable. On se dirait tout bas, comme un mignon péché,
Comme à cinq ans on est une grande personne, On lui disait parfois : « Prends ton frère, mignonne, » Et, fière, elle portait dans ses bras le bébé, Quels soins alors ! L’enfant n’était jamais tombé. Très grave, elle jouait à la petite mère.
Dans ces bals qu’en hiver les mères de famille Donnent à des bourgeois pour marier leur fille, En faisant circuler assez souvent, pas trop, Les petits-fours avec les verres de sirop, Presque toujours la plus jolie et la mieux mise, Celle qui plaît et montre une grâce permise,
De la rue on entend sa plaintive chanson. Pâle et rousse, le teint plein de taches de son, Elle coud, de profil, assise à sa fenêtre. Très sage et sachant bien qu’elle est laide peut-être, Elle a son dé d’argent pour unique bijou.
Il a neigé la veille et, tout le jour, il gèle. Le toit, les ornements de fer et la margelle Du puits, le haut des murs, les balcons, le vieux banc, Sont comme ouatés, et, dans le jardin, tout est blanc. Le grésil a figé la nature, et les branches
Depuis que son garçon est parti pour la guerre, La veuve met les deux couverts comme naguère, Sert la soupe, remplit un grand verre de vin, Puis, sur le seuil, attend qu’un envoyé divin,
L’école. Des murs blancs, des gradins noirs, et puis Un christ en bois orné de deux rameaux de buis. La sœur de charité, rose sous sa cornette, Fait la classe, tenant sous son regard honnête
Noces du samedi ! noces où l’on s’amuse, Je vous rencontre au bois où ma flâneuse Muse Entend venir de loin les cris facétieux Des femmes en bonnet et des gars en messieurs Qui leur donnent le bras en fumant un cigare,
Volupté des parfums ! – Oui, toute odeur est fée. Si j’épluche, le soir, une orange échauffée, Je rêve de théâtre et de profonds décors ; Si je brûle un fagot, je vois, sonnant leurs cors, Dans la forêt d’hiver les chasseurs faire halte ;