Poésie Emile Verhaeren

Et celui-ci puissant, compact, pâle et vermeil, Remue, en ses mains d'eau, du gel et du soleil ; Et celui-là étale, entre ses rives brunes, Un jardin sombre et clair pour les jeux de la lune ;

Sous des cieux faits de filasse et de suie, D'où choit morne et longue la pluie, Voici pourrir Au vent tenace et monotone, Les ors d'automne ; Voici les ors et les pourpres mourir.

Oh ! les heures du soir sous ces climats légers, La lumière en est belle et la lune y est douce, Et l'ombre souple et claire y répand sur les mousses Les mobiles dessins d'un feuillage étranger.

Le jour Ils se croisaient dans leur étable et dans leur cour, Leurs durs regards obstinément fixés à terre ; Et tous les deux, ils s'acharnaient à soigner mieux, Elle, ses porcs, et lui, ses boeufs, Depuis qu'ils se boudaient, rogues et solitaires.

Les blés mouvants

Comme des clous, les gros pavés
Fixent au sol les routes claires :
Lignes et courbes de lumière
Qui décorent et divisent les terres
En ce pays de bois et de champs emblavés.

Les plus vieilles se souviennent du temps de Rome,
Quand s’en venaient les Dieux
Rôder dans les vergers des hommes
D’autres ont aperçu la fée au manteau bleu
Qui se glissait entre les saules

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Trouant de tes rayons sans nombre
Le feuillage léger,
Soleil,
Tu promènes, comme un berger,
Le tranquille troupeau des ombres
Dans les jardins et les vergers.
Dès le matin, par bandes,
Sitôt que le ciel est vermeil,
Elles s’étendent
Des enclos recueillis et des humbles maisons.

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Comme des tentes pour les blés
Les grandes meules fraternelles
Se rassemblent l’hiver sur les champs isolés
Et l’autan noir rôde autour d’elles

Les solides faucheurs du bourg
Les ont, sous la rude pesée
De leurs fermes genoux et de leurs coudes lourds,
Dûment, sur le sol dur, tassées.

Les grains sont tournés au-dedans,
Mais au-dehors pointent les pailles

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Soir de juillet torride et sec.
Serrant le bois sonore au creux de son épaule,
Un joueur de rebec
S’est lentement assis et joue au pied d’un saule.

Il chante pour lui seul et ne voit pas
Qu’en ce déclin du jour se rapprochent des pas
Sous les arbres, au long des routes ;
Et qu’on se glisse derrière les troncs
Et qu’à demi cachés apparaissent des fronts
De jeunes filles qui l’écoutent.

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