Ô la splendeur de notre joie Tissée en or dans l'air de soie ! Voici la maison douce et son pignon léger, Et le jardin et le verger.
Le printemps jeune et bénévole Qui vêt le jardin de beauté Elucide nos voix et nos paroles Et les trempe dans sa limpidité.
Le ciel en nuit, s'est déplié Et la lune semble v eiller Sur le silence endormi.
Le beau jardin fleuri de flammes Qui nous semblait le double ou le miroir Du jardin clair que nous portions dans l'âme Se cristallise en gel et or, ce soir.
Je noie en tes deux yeux mon âme tout entière Et l'élan fou de cette âme éperdue, Pour que, plongée en leur douceur et leur prière, Plus claire et mieux trempée, elle me soit rendue.
Je dédie à tes pleurs, à ton sourire, Mes plus douces pensées, Celles que je te dis, celles aussi Qui demeurent imprécisées Et trop profondes pour les dire.
Fut-il en nous une seule tendresse, Une pensée, une joie, une promesse, Que nous n'ayons semée au-devant de nos pas ?
Et qu'importent et les pourquoi et les raisons Et qui nous fûmes et qui nous sommes : Tout doute est mort, en ce jardin de floraisons Qui s'ouvre en nous et hors de nous, si loin des hommes.
Dis-moi, ma simple et ma tranquille amie, Dis, combien l'absence, même d'un jour, Attriste et attise l'amour , Et le réveille, en ses brûlures endormies ?
Comme aux âges naïfs, je t'ai donné mon coeur, Ainsi qu'une ample fleur, Qui s'ouvre pure et belle aux heures de rosée ; Entre ses plis mouillés ma bouche s'est posée.