Vivons si hardiment nos plus belles pensées
Qu’elles s’entrelacent harmonisées
A l’extase suprême et l’entière ferveur,
Parce qu’en nos âmes pareilles,
Quelque chose de plus sacré que nous
Et de plus pur, et de plus grand s’éveille,
Joignons les mains pour l’adorer à travers nous.
Il n’importe que nous n’ayons que cris ou larmes
Pour humblement le définir
Près du parterre dont le soir
Ferme les fleurs de tranquille lumière,
Laisse filtrer la grande nuit en toi :
Nous sommes trop heureux pour que sa mer d’effroi
Trouble notre prière.
Là-haut, le pur cristal des étoiles s’éclaire :
Voici le firmament plus net et translucide
Qu’un étang bleu ou qu’un vitrail d’abside ;
Et puis voici le ciel qui regarde à travers.
Du matinal jardin tranquille et sinueux
Qui déroule, là-bas, parmi les lointains bleus,
Ses doux chemins courbés en cols de cygne.
Et, d’autres fois, tu m’es le frisson clair
Du vent rapide et exaltant
Qui passe, avec ses doigts d’éclair,
Dans les crins d’eau de l’étang blanc.
Au bon toucher de tes deux mains
Je sens comme des feuilles
Nous nous sentons tant plus clairs de nous-mêmes
Que l’on dirait des Dieux qui s’aiment
Et qui s’unissent en nous-mêmes ;
Nous nous sentons le coeur si divinement frais
Et si renouvelé par leur lumière
Première
Que l’univers, sous leur clarté, nous apparaît.
La joie est à nos yeux le seul ferment du monde
Qui se mûrit et se féconde,
Ce jardin clair où nous passons silencieux,
C’est plus encor en nous que se féconde
Le plus candide et doux jardin du monde.
Car nous vivons toutes les fleurs,
Toutes les herbes, toutes les palmes
En nos rires et en nos pleurs
De bonheur pur et calme.
Car nous vivons toute la joie
Dardée en cris de fête et de printemps,
Me soient, sur terre,
Les images de la bonté.
Laissons nos âmes embrasées
Revêtir d’or chaque flamme de nos pensées.
Que mes deux mains contre ton coeur
Te soient, sur terre,
Les emblèmes de la douceur.
Vivons pareils à deux prières éperdues
L’une vers l’autre, à toute heure, tendues.
Si profonde qu’elle en est sainte
Et qu’à travers le corps même, l’amour soit clair ;
Nous descendons ensemble au jardin de la chair.
Tes seins sont là ainsi que des offrandes,
Et tes deux mains me sont tendues ;
Et rien ne vaut la naïve provende
Des paroles dites et entendues.
L’ombre des rameaux blancs voyage
Parmi ta gorge et ton visage
Lavons nos deux regards de ceux
Que nous avons croisés, par milliers, dans la vie
Mauvaise et asservie.
L’aube est en fleur et en rosée
Et en lumière tamisée
Très douce ;
On croirait voir de molles plumes
D’argent et de soleil, à travers brumes,
Frôler et caresser, dans le jardin, les mousses.
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La main qui passe avec ses doigts futiles ;
Notre heure est si unique, et le reste qu’importe ;
Le reste avec ses doigt futiles.
Laisse passer, par le chemin,
La triste et fatigante joie,
Avec ses crécelles en main.
Laisse monter, laisse bruire
Et s’en aller le rire ;
Laisse passer la foule et ses milliers de voix.
Si rare et si frêle parfois
Qu’il nous fait peur
Nous avons beau taire nos voix
Et nous faire comme une tente,
Avec toute ta chevelure,
Pour nous créer un abri sûr,
Souvent l’angoisse en nos âmes fermente.
Mais notre amour étant comme un ange à genoux
Prie et supplie