Croquis d'été Vraiment, il a bel air sous sa neuve soutane, Ce cher petit abbé, joufflu, rasé tout frais, Pour qui la bonne table a d'innocents attraits… Il en rêve au couvert de l'ombrageux platane.
C'est bien lui, ce visage au sourire inconnu, Ce front noirci du hâle infernal de l'abîme, Cet oeil où nage encor la vision sublime : Le Dante incomparable et l'Homme méconnu.
Dans le soir triomphal la froidure agonise Et les frissons divins du printemps ont surgi ; L'Hiver n'est plus, vivat ! car l'Avril bostangi, Du grand sérail de Flore, a repris la maîtrise.
Au fond de l'atelier, titanique sculpture, Se dresse une statue au piédestal marbré, Et l'aube rose imprime un reflet empourpré À travers le vitrail sur sa noble stature ;
Las d'avoir visité mondes, continents, villes, Et vu de tout pays, ciel, palais, monuments, Le voyageur enfin revient vers les charmilles Et les vallons rieurs qu'aimaient ses premiers ans.
Voici que le dahlia, la tulipe et les roses Parmi les lourds bassins, les bronzes et les marbres Des grands parcs où l'Amour folâtre sous les arbres Chantent dans les soirs bleus ; monotones et roses
Ils défilent le long des corridors antiques, Tête basse, égrenant d'énormes chapelets ; Et le soir qui s'en vient, du sang de ses reflets Empourpre la splendeur des dalles monastiques.
L'âme ne frémit plus chez ce vieil instrument ; Son couvercle baissé lui donne un aspect sombre ; Relégué du salon, il sommeille dans l'ombre Ce misanthrope aigri de son isolement.
D'abord j'ai contemplé dans le berceau de chêne Un bébé tapageur qui ne pouvait dormir ; Puis vint la grande fille aux yeux couleur d'ébène, Une brune enfant pâle insensible au plaisir.
Maître, il est beau ton Vers ; ciseleur sans pareil Tu nous charmes toujours par ta grâce nouvelle, Parnassien enchanteur du pays du soleil, Notre langue frémit sous ta lyre si belle.