Je plaque lentement les doigts de mes névroses, Chargés des anneaux noirs de mes dégoûts mondains Sur le sombre clavier de la vie et des choses.
Je sens voler en moi les oiseaux du génie Mais j'ai tendu si mal mon piège qu'ils ont pris Dans l'azur cérébral leurs vols blancs, bruns et gris, Et que mon coeur brisé râle son agonie.
Il entend lui venir, comme un divin reproche, Sur un thème qui pleure, angéliquement doux, Des conseils l'invitant à prier… une cloche ! Mais Arouet est là, qui lui tient les genoux.
Or, j'ai la vision d'ombres sanguinolentes Et de chevaux fougueux piaffants, Et c'est comme des cris de gueux, hoquets d'enfants Râles d'expirations lentes.
Le moine Angelico travaillait dès matines Au rêve de ses jours en gloire épanoui, Voulant peindre la Vierge et la peindre telle, oui, Qu'elle ne fut pas aux toiles florentines.
Elle était au couvent depuis trois mois déjà Et le désir divin grandissait dans son être, Lorsqu'un soir, se posant au bord de sa fenêtre, Un bel oiseau y bâtit son nid, puis s'y logea.
Jésus à barbe blonde, aux yeux de saphir tendre, Sourit dans un vitrail ancien du défunt choeur Parmi le vol sacré des chérubins en choeur Qui se penchent vers Lui pour l'aimer et l'entendre. Des oiseaux de Sion aux claires ailes calmes
Douceur, douceur mystique ! ô la douceur qui pleut ! Est-ce que dans nos coeurs est tombé le ciel bleu ? Tout le ciel, ce dimanche, à la messe de Pâques, Dissipant le brouillard des tristesses opaques ;