Poésie Alphonse Allais

Recueils de poèmes

2 + 2 = 5

Mœurs américaines.

Dans le parc de Rouse’s point. Le soir, assez tard. On entend au loin les accords entraînants de Washington Post.

(Washington Post est une new dance qui fera fureur à Paris cet hiver, vous pouvez m’en croire. Pour s’en procurer la musique avec les instructions, s’adresser à mon vieux camarade Whaley Royce, 158, Yonge street, Toronto. Les personnes qui voudraient éviter les frais de poste toujours coûteux, peuvent aller se procurer elles-mêmes ce morceau. En ce cas, ne pas quitter Toronto sans jeter un coup d’œil sur les chutes d’eau du Niagara, un assez curieux phénomène naturel situé non loin de là.)

Fermons la parenthèse.

Et vous, miss, vous ne dansez pas, ce soir ?
Lire la suite...

Ma foi, tant pis ! On dira ce qu’on voudra, je l’imprime toute vive cette petite lettre, sûrement pas écrite par M. Jose-Maria de Heredia, mais si rigolo !

Et puis c’est toujours ça de moins à faire, n’est-ce pas ?

” Cher monsieur Alphonse Allais,

Vous permettez, dites, que nous vous appelions cher monsieur Alphonse Allais, bien que nous n’ayons pas l’avantage de vous connaître; mais nous vous gobons toutes à l’atelier et ça excuse notre familiarité.
Lire la suite...

Certes, je hais la délation… (Je n’ai même pas approuvé le mouvement d’indignation, pourtant bien justifié, de madame Aubert, quand — dans Pension de Famille, la follement amusante pièce de notre vieux Donnay — cette personne annonce à M. Assand qu’il est cocu comme un prince.) Certes, dis-je, je hais la délation; mais je ne puis m’empêcher de signaler à votre rude justice l’indigne conduite d’un de vos justiciables, le cocher qui mène le fiacre 6969.

C’était pas plus tard qu’hier soir. Il pouvait être dans les dix heures, dix heures et demie.

Je sortais d’un théâtre où je m’étais terriblement rasé, bien résolu à ne plus y remettre les pieds avant deux ou trois ans.

Sans plus tarder, nous nous rencontrâmes, pif à pif, une jeune femme et moi.
Lire la suite...

En arrivant à Nice, le Captain Cap et moi, deux affiches murales se disputèrent la gloire d’attirer notre attention.

(La phrase que je viens d’écrire est d’une syntaxe plutôt discutable. On ne dirait vraiment pas que j’ai fait mes humanités.)

Celle de ces deux affiches qui me charma, moi, en voici la teneur:

X…, pédicure

telle rue, tel numéro

le seul pédicure sérieux de nice
Lire la suite...

Ah ! on ne s’embête pas à l’Académie des sciences !

Je vous donne en mille à quoi ces bougres-là passent leur temps, au lieu de travailler !

D’ailleurs, lisez vous-mêmes.

J’aime autant ça, parce que vous me traiteriez encore de blagueur.

L’extrait suivant est soigneusement découpé dans le Journal officiel du 25 octobre, et je n’y change pas un traître mot:

ACADÉMIE DES SCIENCES
Lire la suite...

Et vous, Cap, qu’est-ce que vous pensez de tout ça ?

Tout ça… quoi ?

Tout ça, tout ça…

Ah oui, tout ça ! Eh bien, je ne pense qu’une chose, une seule !

Laquelle ?

Oh ! rien.

Le dialogue dura longtemps sur ce ton. Moi, je me sentais un peu déprimé, cependant que le d’habitude vaillant Captain Cap était totalement aboli.
Lire la suite...

Le roi Humbert fait son malin, depuis quelques jours, parce qu’il fut interviewé par notre camarade Calmette.

Il faut pourtant bien qu’il se dise qu’il n’est pas le seul à avoir été interviewé par Calmette ou par un autre, par un autre surtout.

Moi, c’est par un autre que j’ai été interviewé, pas plus tard qu’hier soir, sur le coup de cinq heures et demie ou six heures, à la terrasse du Café Julien, où je dégustais un de ces bons petits apéritifs qui vous coupent l’appétit comme avec un rasoir.

Le jeune homme (c’était un jeune homme) s’approcha de moi, le chapeau (un chapeau haut de forme) à la main et de la politesse plein les yeux (des yeux gris bleu).
Lire la suite...

M. Maurice Curnonsky, un jeune fantaisiste qui commence à se faire une place au soleil de la Littérature Souriante et qui publie de très vraiment réussies chroniques dans le Chat-Noir (un journal dont je fus le directeur, au temps où ma situation dans le monde m’autorisait encore à tremper dans la confection des petits canards; comme c’est loin, tout ça !), m’adresse une lettre dont l’intégrale publication me paraît imposée par la plus élémentaire humanité.

Seulement, voulez-vous faire une pari avec moi ?

Je gage que l’idée si simple, pourtant, et si pratique du jeune Curnonsky sera en pleine application chez les Anglais et les Américains, cependant que nous autres, fourneaux de Français, en serons encore à ricaner bêtement.
Lire la suite...

Les commentaires que j’ai publiés, naguère, relatifs à une saisissante chronique de Mirbeau, où il était question d’un vieux jardinier qui jouait du piston pour embêter son hibiscus et de concombres qui s’enfuyaient dès qu’on les appelait, m’ont valu mille communications diverses et des plus intéressantes, émanant d’horticulteurs et grands propriétaires fonciers.

Le cas d’un arbuste musicophobe et celui d’un potiron vadrouilleur sont loin, paraît-il, d’être des cas isolés.

Impossible, malheureusement, de citer tous ceux que me communiquent mes aimables correspondants.

Je n’en veux retenir qu’un seul dont je fus témoin.
Lire la suite...

Il faudrait le crayon de Callot, doublé de la plume de Pierre Maël, pour donner une faible idée de l’émotion qui nous étreignit tous deux, le Captain Cap et moi, en nous retrouvant, après ces trois longs mois de séparation.

Nos mains s’abattirent l’une dans l’autre, mutuel étau, et demeurèrent enserrées longtemps. Nous avions peine à contenir nos larmes.

Cap rompit le silence, et sa première phrase fut pour me plaindre de revenir en cette bureaucrateuse et méphitique Europe, surtout dans cette burlesque France où, selon la forte parole du Captain, il est interdit d’être soi-même.

Cap parlait, parlait autant pour cacher sa très réelle émotion que pour exprimer, en verbes définitifs, ses légitimes revendications.
Lire la suite...

Réalisation : www.redigeons.com - https://www.webmarketing-seo.fr/