Peut-être existe-t-il une âme sur la terre
Pour la mienne créée, et dont elle est la sœur :
Heureuse et fortunée, ou pauvre et solitaire,
Elle me comprendrait et lirait dans mon cœur.
Elle partagerait mes secrètes pensées,
Elle aurait mon amour, j’aurais toute sa foi ;
Sans cesse étroitement l’une à l’autre enlacées,
J’existerais pour elle, elle vivrait pour moi.
Nous ne nous ferions point de bruyante promesse,
Pour la mienne créée, et dont elle est la sœur :
Heureuse et fortunée, ou pauvre et solitaire,
Elle me comprendrait et lirait dans mon cœur.
Elle partagerait mes secrètes pensées,
Elle aurait mon amour, j’aurais toute sa foi ;
Sans cesse étroitement l’une à l’autre enlacées,
J’existerais pour elle, elle vivrait pour moi.
Nous ne nous ferions point de bruyante promesse,
Heureux le paysan à l’existence austère,
Qui vit dans sa chaumière et cultive ses prés,
Qui jette avec espoir la semence en la terre
Et recueille la gerbe et les épis dorés.
Il sait qu’il ne dépend ici-bas de personne :
La pluie et le soleil lui sont donnés à tour ;
Si la récolte est forte et si l’année est bonne,
Il rend grâces au ciel, puis reprend son labour.
Il se lève avec l’aube, et, l’outil sur l’épaule,
Qui vit dans sa chaumière et cultive ses prés,
Qui jette avec espoir la semence en la terre
Et recueille la gerbe et les épis dorés.
Il sait qu’il ne dépend ici-bas de personne :
La pluie et le soleil lui sont donnés à tour ;
Si la récolte est forte et si l’année est bonne,
Il rend grâces au ciel, puis reprend son labour.
Il se lève avec l’aube, et, l’outil sur l’épaule,
Il a plu toute la journée ;
Les arbres rêvent tristement,
Et sur chaque feuille inclinée,
On voit trembler un diamant.
Mais au milieu du jour qui baisse,
Devant le grand ciel assombri,
Je sens une vague tristesse
Qui s’empare de mon esprit.
Au delà de la voûte grise,
Je voudrais, en un seul élan,
Les arbres rêvent tristement,
Et sur chaque feuille inclinée,
On voit trembler un diamant.
Mais au milieu du jour qui baisse,
Devant le grand ciel assombri,
Je sens une vague tristesse
Qui s’empare de mon esprit.
Au delà de la voûte grise,
Je voudrais, en un seul élan,
L’autre jour, par hasard, en ouvrant la gazette,
Mes regards sont tombés sur ces mots : « La Jeannette. »
La Jeannette !… Et longtemps je suis resté songeur,
L’œil perdu dans le vague et la tristesse au cœur.
Mon esprit, emporté loin des lieux où nous sommes,
En un rapide essor avait rejoint ces hommes,
Ces marins égarés, faibles et chancelants
Dans la neige, au milieu des icebergs croulants.
Ainsi j’ai contemplé l’héroïque phalange,
Où tu parais, Delong, d’une grandeur étrange ;
Lire la suite...
Mes regards sont tombés sur ces mots : « La Jeannette. »
La Jeannette !… Et longtemps je suis resté songeur,
L’œil perdu dans le vague et la tristesse au cœur.
Mon esprit, emporté loin des lieux où nous sommes,
En un rapide essor avait rejoint ces hommes,
Ces marins égarés, faibles et chancelants
Dans la neige, au milieu des icebergs croulants.
Ainsi j’ai contemplé l’héroïque phalange,
Où tu parais, Delong, d’une grandeur étrange ;
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J’ai pris l’étroit sentier qui contourne l’arête
Du grand mont incliné sur les flots clairs et bleus ;
Je suis, au bout d’une heure, arrivé sur la crête,
Et je me suis assis sur le sol onduleux.
Puis j’ai prêté l’oreille aux murmures étranges
Qui venaient lentement expirer jusqu’à moi,
Bourdonnements, sanglots, rires, vagues mélanges,
Auxquels l’âme répond sans s’expliquer pourquoi.
Elle tressaille et vibre, et semble reconnaître
Ce langage mystique et tout harmonieux ;
Du grand mont incliné sur les flots clairs et bleus ;
Je suis, au bout d’une heure, arrivé sur la crête,
Et je me suis assis sur le sol onduleux.
Puis j’ai prêté l’oreille aux murmures étranges
Qui venaient lentement expirer jusqu’à moi,
Bourdonnements, sanglots, rires, vagues mélanges,
Auxquels l’âme répond sans s’expliquer pourquoi.
Elle tressaille et vibre, et semble reconnaître
Ce langage mystique et tout harmonieux ;
Il faisait gris dans ma demeure
J’ai dit : « Dehors luit le soleil,
Mon âme a besoin à cette heure
De clartés et d’éclats vermeil ! »
Il faisait triste dans la plaine ;
J’ai dit : « Quittons l’obscurité ! »
Et sur la sommité lointaine
Avec espoir je suis monté.
La montagne était pleine d’ombre ;
J’ai dit : « Fuyons dans l’infini,
J’ai dit : « Dehors luit le soleil,
Mon âme a besoin à cette heure
De clartés et d’éclats vermeil ! »
Il faisait triste dans la plaine ;
J’ai dit : « Quittons l’obscurité ! »
Et sur la sommité lointaine
Avec espoir je suis monté.
La montagne était pleine d’ombre ;
J’ai dit : « Fuyons dans l’infini,
Oh ! qui dira jamais la douleur impuissante
De Pégase arrêté dans son essor divin
Et qui sent tressaillir son aile frémissante
Sous le harnais pesant qu’il veut briser en vain !
Son être est dévoré par un espoir immense.
Il voudrait s’élancer dans l’air étincelant ;
Mais sur le champ étroit que son maître ensemence
Il doit traîner le soc d’un pas égal et lent.
Et comme, malgré lui, sa passion l’anime,
Comme il cherche toujours à reprendre son vol,
De Pégase arrêté dans son essor divin
Et qui sent tressaillir son aile frémissante
Sous le harnais pesant qu’il veut briser en vain !
Son être est dévoré par un espoir immense.
Il voudrait s’élancer dans l’air étincelant ;
Mais sur le champ étroit que son maître ensemence
Il doit traîner le soc d’un pas égal et lent.
Et comme, malgré lui, sa passion l’anime,
Comme il cherche toujours à reprendre son vol,
Je voudrais dans un chant mettre toute mon âme,
Le rayon du ciel bleu, le parfum des grands bois,
La force du soleil, la chaleur de la flamme,
Et toutes les beautés comme toutes les voix…
Mais il faudrait un luth aux cordes plus puissantes :
Devant ce grand désir le mien pleure attristé ;
Tel l’oiseau qui, malgré ses ailes frémissantes,
Doit s’arrêter vaincu devant l’immensité.
Il aura beau franchir les mornes étendues,
S’égarer au milieu des univers nouveaux,
Le rayon du ciel bleu, le parfum des grands bois,
La force du soleil, la chaleur de la flamme,
Et toutes les beautés comme toutes les voix…
Mais il faudrait un luth aux cordes plus puissantes :
Devant ce grand désir le mien pleure attristé ;
Tel l’oiseau qui, malgré ses ailes frémissantes,
Doit s’arrêter vaincu devant l’immensité.
Il aura beau franchir les mornes étendues,
S’égarer au milieu des univers nouveaux,