Au delà

Sitôt que ma leçon se trouvait terminée,
J’allais au bord du lac achever ma journée
Et rire avec le flot qui bondissait joyeux ;
Et sur le sable d’or de la riante grève,
Je m’endormais parfois pour écouter en rêve
La sereine chanson du lac harmonieux.

Ou bien je regardais passer les longs nuages
Semblant un vol puissant de beaux cygnes sauvages
Guidés par le hasard vers un but inconnu,

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Sur la console en bois de chêne
Pleine de mille bibelots,
Les doigts blancs de la châtelaine
Avaient posé les deux magots.

Elle était joyeuse et folâtre :
Ses boucles d’or aux tons soyeux
Sur son front pur comme l’albâtre
Mettaient un nimbe radieux.
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L’aigle, malgré l’ardeur qui fait mouvoir son aile,
N’atteint pas le soleil que cherche sa prunelle,
Et l’astre d’or s’en va dans l’abîme inconnu,
Comme un roi qui descend les marches de son trône,
Le front ceint d’une immense et superbe couronne,
Avant que jusqu’à lui l’oiseau soit parvenu.
Il a dû s’arrêter dans cette course altière,
A l’heure où, s’enivrant d’espace et de lumière,
Il montait en planant dans les champs de l’azur ;

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Dans le couchant aux tons d’opale
Où scintille l’éther doré,
Un nuage d’un rose pâle
Vole ainsi qu’un cygne égaré.

Le lac est comme de la moire
Sous les derniers feux du soleil ;
Il reflète toute la gloire
Du ciel éclatant et vermeil.
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A quoi bon revenir encore avec envie
Au souvenir des lieux que nous avons quittés !
Que nous fait le pays où coule notre vie ?
La nature partout a les mêmes beautés.

Pourvu qu’un coin du ciel sur notre tête brille,
Pourvu qu’un arbre vert ombrage notre seuil,
Que le soir, en rentrant, une douce famille
Nous réchauffe le cœur par son joyeux accueil,
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Sur sa tige la fleur se penche,
L’herbe jaunit dans le sillon,
La feuille tombe de la branche,
Le soleil baisse à l’horizon ;

Les bois ont perdu leur mystère,
Les flots du lac leur bleu miroir,
Et le sourire de la terre
A disparu dans le ciel noir.
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Sur la montagne étrange et sombre
Il est un sentier attrayant,
Que l’on voit serpenter dans l’ombre
Sous le feuillage verdoyant ;

Les pins aux aiguilles légères
Lui font un dôme immense et frais ;
Sur ses bords croissent les fougères,
Ces dentelles de nos forêts.
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J’ai vu dans la fange jaunâtre,
Au bord du trottoir ruisselant,
Une plume au reflet d’albâtre
Qu’avait perdue un pigeon blanc.

L’oiseau, dans un essor rapide,
Avait passé devant mes yeux,
Laissant après lui dans le vide
Cette plume au reflet soyeux.
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Lune, toi qui franchis, pâle et silencieuse,
L’azur plein d’astres d’or dont la foule te suit ;
Qui jettes sur nos fronts ta clarté radieuse,
Comme un rêve d’argent qui traverse la nuit ;

Tes rayons égarés dans le cristal de l’onde
Semblent des diamants entraînés par le flot,
Qui les berce aux accents d’une chanson profonde,
Belle comme le ciel, triste comme un sanglot.
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Comme un oiseau de flamme aux gigantesques ailes
Qui, venu du nadir s’en retourne au zénith,
La comète poursuit ses courses éternelles,
Certaine de sa route à travers l’infini.

Rien ne peut l’arrêter, ni les groupes de mondes
Qu’elle effleure en passant de sa traîne aux plis d’or,
Ni les longues horreurs des ténèbres profondes
Où le céleste plan dirige son essor.
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