Poèmes antiques et modernes

À M. Soumet,
auteur de Clytemnestre et de Saül.

Voyez, en esprit, ces blessures :
l’esprit, quand on dort, a des yeux,
et quand on veille, il est aveugle.
Eschyle.

« Déjà, mon jeune époux ? Quoi ! l’aube paraît-elle ?
Non ; la lumière, au fond de l’albâtre, étincelle
Blanche et pure, et suspend son jour mystérieux ;
La nuit règne profonde et noire dans les cieux,
Vois, la clepsydre encor n’a pas versé trois heures :
Dors près de ta Néra, sous nos chastes demeures ;

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« Et de là vient la coutume qui
s’est toujours observée depuis en Israël,
Que toutes les filles d’Israël s’assemblent
une fois l’année, pour pleurer la
fille de Jephté de Galaad
pendant quatre jours. »
Juges, ch. IX, V. 40.

Voilà ce qu’ont chanté les filles d’Israël,
Et leurs pleurs ont coulé sur l’herbe du Carmel :

— Jephté de Galaad a ravagé trois villes ;
Abel ! la flamme a lui sur tes vignes fertiles !
Aroër sous la cendre éteignit ses chansons,
Et Mennith s’est assise en pleurant ses moissons !
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Un fragment d’un poème de Suzanne

C’était près d’une source à l’onde pure et sombre,
Le large sycomore y répandait son ombre.
Là, Suzanne, cachée aux cieux déjà brûlants,
Suspend sa rêverie et ses pas indolents,
Sur une jeune enfant que son amour protège

S’appuie, et sa voix douce appelle le cortège
Des filles de Juda, de Gad et de Ruben
Qui doivent la servir et la descendre au bain;
Et toutes à l’envi, rivales attentives,

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Éloa – Chant 1 : Naissance

Il naquit sur la terre un ange, dans le temps
Où le médiateur sauvait ses habitants.
Avec sa suite obscure et comme lui bannie,
Jésus avait quitté les murs de Béthanie ;
A travers la campagne il fuyait d’un pas lent,
Quelquefois s’arrêtait, priant et consolant,
Assis au bord d’un champ le prenait pour symbole,
Ou du samaritain disait la parabole,
La brebis égarée, ou le mauvais pasteur,
Ou le sépulcre blanc pareil à l’imposteur ;
Et, de là, poursuivant sa paisible conquête,
De la chananéenne écoutait la requête,

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Idylle dans le goût de Théocrite

Honorons d’abord la Terre, qui, la
première entre les dieux, rendit
ici les oracles…
J’adore aussi les nymphes.
Eschyle.

Vois-tu ce vieux tronc d’arbre aux immenses racines ?
Jadis il s’anima de paroles divines ;
Mais par les noirs hivers le chêne fut vaincu.
Et la dryade aussi, comme l’arbre, a vécu.
(Car, tu le sais, berger, ces déesses fragiles,
Envieuses des jeux et des danses agiles,

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L’adultère attend le soir et se dit :
Aucun oeil ne me verra ; et il se
cache le visage car la lumière est pour
lui comme la mort.
Job. ch.XXIV. v.15-17

I

« Mon lit est parfumé d’aloès et de myrrhe ;
« L’odorant cinnamome et le nard de Palmyre
« Ont chez moi de l’Egypte embaumé les tapis.
« J’ai placé sur mon front et l’or et le lapis ;
« Venez, mon bien-aimé, m’enivrer de délices
« Jusqu’à l’heure où le jour appelle aux sacrifices :
« Aujourd’hui que l’époux n’est plus dans la cité,

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Mystère

CHANT DEUXIÈME
Séduction

Souvent parmi les monts qui dominent la terre
S’ouvre un puits naturel, profond et solitaire ;
L’eau qui tombe du ciel s’y garde, obscur miroir
Où, dans le jour, on voit les étoiles du soir.
Là, quand la villageoise a, sous la corde agile,

De l’urne, au fond des eaux, plongé la frêle argile,
Elle y demeure oisive, et contemple longtemps
Ce magique tableau des astres éclatants,
Qui semble orner son front, dans l’onde souterraine,
D’un bandeau qu’enviraient les cheveux d’une reine.
Telle, au fond du chaos qu’observaient ses beaux yeux,
La vierge, en se penchant, croyait voir d’autres Cieux.

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C’était une des nuits qui des feux de l’Espagne
Par des froids bienfaisants consolent la campagne:
L’ombre était transparente, et le lac argenté
Brillait à l’horizon sous un voile enchanté;
Une lune immobile éclairait les vallées,
Où des citronniers verte serpentent les allées;
Des milliers de soleil, sans offenser les yeux,
Tels qu’une poudre d’or, semaient l’azur des cieux,
Et les monts inclinés, verdoyante ceinture
Qu’en cercles inégaux enchaîna la nature,
De leurs dômes en fleurs étalaient la beauté,

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Symétha
Élégie
Alfred de Vigny

À Pichald,

Navire aux larges flancs de guirlandes ornés,
Aux Dieux d’ivoire, aux mâts de roses couronnés !
Oh ! qu’Eole, du moins, soit facile à tes voiles !
Montrez vos feux amis, fraternelles étoiles !
Jusqu’au port de Lesbos guidez le nautonier,
Et de mes vœux pour elle exaucez le dernier:

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Le Malheur
Suivi du Suicide impie,
A travers les pâles cités,
Le Malheur rôde, il nous épie,
Prés de nos seuils épouvantés.
Alors il demande sa proie;
La jeunesse, au sein de la joie,
L’entend, soupire et se flétrit;
Comme au temps où la feuille tombe,
Le vieillard descend dans la tombe,

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