Je ne sais plus par quelle contrée D’étoiles et de roses de lune Je t’ai perdue en cette vesprée Où nos voix se turent l’une après l’une.
Nous avons quitté ce soir la grand’ville Où nous marchions seuls, les yeux dans les yeux. Entends-tu là-bas, comme des adieux, Les cloches des morts sonner la vigile ?
O narcisses et chrysanthèmes Do ce crépuscule d’automne Où nos voit reprenaient les thèmes Tant tristes du vent monotone !
Une nuit, sous ta terrible lune Qui saignait parmi les brumes roses, Tu parlais, ô sœur, de tristes choses Comme une entant prise de rancune.
Ce fut en un soir où les chansons Des amants liés par leurs mains lasses Mouraient, ô Dame pâle qui passes, Au clair de la lune des moissons.
Tu vins vers moi par les vallées Où s’effeuillaient les azalées, O sœur des heures en allées !
— Viens, très douce, rêver aux heure. Où nous effeuillâmes les lys Au clair de la lune. Tu pleures ?
Au temps de la mort des marjolaines, Alors que bourdonne ton léger Rouet, tu me fais, les soirs, songer A tes aïeules les châtelaines.
Je crois, folle, que tout l’automne Dort en tes yeux, et ta voix, Las ! se lamente monotone Comme le vent lent dans les bois.
Mon front pâle est sur tes genoux Que jonchent des débris de roses ; O femme d’automne, aimons-nous Avant le glas des temps moroses !