Horace ACTE II Scène VI
Horace par Pierre Corneille
Curiace
Dieux ! Sabine le suit. Pour ébranler mon cœur,
Est-ce peu de Camille ? Y joignez-vous ma sœur ?
Et laissant à ses pleurs vaincre ce grand courage,
L’amenez-vous ici chercher même avantage ?
Sabine
Non, non, mon frère, non; je ne viens en ce lieu
Que pour vous embrasser et pour vous dire adieu.
Horace ACTE II Scène VII
Horace par Pierre Corneille
Le vieil Horace
Qu’est-ce-ci, mes enfants ? Écoutez-vous vos flammes,
Et perdez-vous encor le temps avec des femmes ?
Prêts à verser du sang, regardez-vous des pleurs ?
Fuyez, et laissez-les déplorer leurs malheurs.
Leurs plaintes ont pour vous trop d’art et de tendresse.
Elles vous feraient part enfin de leur faiblesse,
Et ce n’est qu’en fuyant qu’on pare de tels coups.
Horace ACTE II Scène VIII
Horace par Pierre Corneille
Horace
Mon père, retenez des femmes qui s’emportent,
Et de grâce empêchez surtout qu’elles ne sortent.
Leur amour importun viendrait avec éclat
Par des cris et des pleurs troubler notre combat;
Et ce qu’elles nous sont ferait qu’avec justice
On nous imputerait ce mauvais artifice.
Horace ACTE III Scène I
Horace par Pierre Corneille
Sabine
Prenons parti, mon âme, en de telles disgrâces:
Soyons femme d’Horace, ou sœur des Curiaces;
Cessons de partager nos inutiles soins;
Souhaitons quelque chose, et craignons un peu moins.
Mais, las ! Quel parti prendre en un sort si contraire ?
Quel ennemi choisir, d’un époux ou d’un frère ?
Horace ACTE III Scène II
Horace par Pierre Corneille
Sabine
En est-ce fait, Julie, et que m’apportez-vous ?
Est-ce la mort d’un frère, ou celle d’un époux ?
Le funeste succès de leurs armes impies
De tous les combattants a-t-il fait des hosties,
Et m’enviant l’horreur que j’aurais des vainqueurs,
Pour tous tant qu’ils étaient demande-t-il mes pleurs ?
Horace ACTE III Scène III
Horace par Pierre Corneille
Sabine
Ma sœur, que je vous die une bonne nouvelle.
Camille
Je pense la savoir, s’il faut la nommer telle.
On l’a dite à mon père, et j’étais avec lui;
Mais je n’en conçois rien qui flatte mon ennui.
Ce délai de nos maux rendra leurs coups plus rudes;
Horace ACTE III Scène IV
Horace par Pierre Corneille
Sabine
Parmi nos déplaisirs souffrez que je vous blâme:
Je ne puis approuver tant de trouble en votre âme;
Que feriez-vous, ma sœur, au point où je me vois,
Si vous aviez à craindre autant que je le dois,
Et si vous attendiez de leurs armes fatales
Des maux pareils aux miens, et des pertes égales ?
Horace ACTE III Scène V
Horace par Pierre Corneille
Le vieil Horace
Je viens vous apporter de fâcheuses nouvelles,
Mes filles; mais en vain je voudrais vous celer
Ce qu’on ne vous saurait longtemps dissimuler:
Vos frères sont aux mains, les dieux ainsi l’ordonnent.
Sabine
Je veux bien l’avouer, ces nouvelles m’étonnent;
Et je m’imaginais dans la divinité
Horace ACTE III Scène VI
Horace par Pierre Corneille
Le vieil Horace
Nous venez-vous, Julie, apprendre la victoire ?
Julie
Mais plutôt du combat les funestes effets:
Rome est sujette d’Albe, et vos fils sont défaits;
Des trois les deux sont morts, son époux seul vous reste.
Le vieil Horace
Ô d’un triste combat effet vraiment funeste !
Horace ACTE IV Scène I
Horace par Pierre Corneille
Le vieil Horace
Ne me parlez jamais en faveur d’un infâme;
Qu’il me fuie à l’égal des frères de sa femme:
Pour conserver un sang qu’il tient si précieux,
Il n’a rien fait encor s’il n’évite mes yeux.
Sabine y peut mettre ordre, ou derechef j’atteste
Le souverain pouvoir de la troupe céleste…