L’École des femmes Acte II Scène 2
L’École des femmes écrite par Molière
Alain, Georgette, Arnolphe
Alain.
Ah ! Monsieur, cette fois…
Arnolphe.
Paix. Venez çà tous deux.
Passez là; passez là. Venez là, venez, dis-je.
Georgette.
Ah ! vous me faites peur, et tout mon sang se fige.
Arnolphe.
L’École des femmes Acte II Scène 3
L’École des femmes écrite par Molière
Alain, Georgette
Georgette.
Mon Dieu ! qu’il est terrible !
Ses regards m’ont fait peur, mais une peur horrible;
Et jamais je ne vis un plus hideux chrétien.
Alain.
Ce Monsieur l’a fâché: je te le disais bien.
Georgette.
Mais que diantre est-ce là, qu’avec tant de rudesse
L’École des femmes Acte II Scène 4
L’École des femmes écrite par Molière
Arnolphe, Agnès, Alain, Georgette
Arnolphe.
Un certain Grec disait à l’empereur Auguste,
Comme une instruction utile autant que juste,
Que lorsqu’une aventure en colère nous met,
Nous devons, avant tout, dire notre alphabet,
Afin que dans ce temps la bile se tempère,
Et qu’on ne fasse rien que l’on ne doive faire.
L’École des femmes Acte II Scène 5
L’École des femmes écrite par Molière
Arnolphe,
Arnolphe.
La promenade est belle.
Agnès.
Fort belle.
Arnolphe.
Le beau jour !
Agnès.
Fort beau.
L’École des femmes Acte III Scène 1
L’École des femmes écrite par Molière
Arnolphe, Agnès, Alain, Georgette
Arnolphe.
Oui, tout a bien été, ma joie est sans pareille:
Vous avez là suivi mes ordres à merveille,
Confondu de tout point le blondin séducteur,
Et voilà de quoi sert un sage directeur.
Votre innocence, Agnès, avait été surprise.
Voyez sans y penser où vous vous étiez mise:
L’École des femmes Acte III Scène 2
L’École des femmes écrite par Molière
Arnolphe, Agnès
Arnolphe, assis.
Agnès, pour m’écouter, laissez là votre ouvrage.
Levez un peu la tête et tournez le visage:
Là, regardez-moi là durant cet entretien,
Et jusqu’au moindre mot imprimez-le-vous bien.
Je vous épouse, Agnès; et cent fois la journée
Vous devez bénir l’heur de votre destinée,
L’École des femmes Acte III Scène 3
L’École des femmes écrite par Molière
Arnolphe
Arnolphe.
Je ne puis faire mieux que d’en faire ma femme.
Ainsi que je voudrai, je tournerai cette âme;
Comme un morceau de cire entre mes mains elle est,
Et je lui puis donner la forme qui me plaît.
Il s’en est peu fallu que, durant mon absence,
On ne m’ait attrapé par son trop d’innocence;
L’École des femmes Acte III Scène 4
L’École des femmes écrite par Molière
Horace, Arnolphe
Horace.
Je reviens de chez vous, et le destin me montre
Qu’il n’a pas résolu que je vous y rencontre.
Mais j’irai tant de fois, qu’enfin quelque moment…
Arnolphe.
Hé ! mon Dieu, n’entrons point dans ce vain compliment:
Rien ne me fâche tant que ces cérémonies;
L’École des femmes Acte III Scène 5
L’École des femmes écrite par Molière
Arnolphe
Arnolphe.
Comme il faut devant lui que je me mortifie !
Quelle peine à cacher mon déplaisir cuisant !
Quoi ? pour une innocente un esprit si présent !
Elle a feint d’être telle à mes yeux, la traîtresse,
Ou le diable à son âme a soufflé cette adresse.
Enfin me voilà mort par ce funeste écrit.
L’École des femmes Acte IV Scène 1
L’École des femmes écrite par Molière
Arnolphe
Arnolphe.
J’ai peine, je l’avoue, à demeurer en place,
Et de mille soucis mon esprit s’embarrasse,
Pour pouvoir mettre un ordre et dedans et dehors
Qui du godelureau rompe tous les efforts.
De quel œil la traîtresse a soutenu ma vue !
De tout ce qu’elle a fait elle n’est point émue;