Argan, Toinette, Cléante
Argan
Monsieur Purgon m’a dit de me promener le matin, dans ma chambre, douze allées et douze venues; mais j’ai oublié à lui demander si c’est en long ou en large.
Toinette
Monsieur, voilà un…
Argan
Parle bas, pendarde ! tu viens m’ébranler tout le cerveau, et tu ne songes pas qu’il ne faut point parler si haut à des malades.
Le Bourgeois gentilhomme par Molière
Covielle déguisé en voyageur, Monsieur Jourdain, Laquais.
Covielle
Monsieur, je ne sais pas si j’ai l’honneur d’être connu de vous.
Monsieur Jourdain
Non, Monsieur.
Covielle
Je vous ai vu que vous n’étiez pas plus grand que cela.
Monsieur Jourdain
Moi ?
Covielle
Oui, vous étiez le plus bel enfant du monde, et toutes les dames vous prenaient dans leurs bras pour vous baiser.
Monsieur Jourdain
Pour me baiser ?
Covielle
Oui. J’étais grand ami de feu Monsieur votre père.
Monsieur Jourdain
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Dom Juan ou le Festin de pierre
DOM JUAN, SGANARELLE, Suite.
DOM JUAN: Sais-tu bien que j’ai encore senti quelque peu d’émotion pour elle, que j’ai trouvé de l’agrément dans cette nouveauté bizarre, et que son habit négligé, son air languissant et ses larmes ont réveillé en moi quelques petits restes d’un feu éteint ?
SGANARELLE: C’est-à-dire que ses paroles n’ont fait aucun effet sur vous.
DOM JUAN: Vite à souper.
SGANARELLE: Fort bien.
DOM JUAN, se mettant à table: Sganarelle, il faut songer à s’amender pourtant.
SGANARELLE: Oui-da !
DOM JUAN: Oui, ma foi ! Il faut s’amender; encore vingt ou trente ans de cette vie-ci, et puis nous songerons à nous.
SGANARELLE: Oh !
Argan, Angélique, Cléante
Argan
Venez, ma fille. Votre maître de musique est allé aux champs; et voilà une personne qu’il envoie à sa place pour vous montrer.
Angélique
Ah ! ciel !
Argan
Qu’est-ce ? D’où vient cette surprise ?
Angélique
C’est…
Argan
Le Bourgeois gentilhomme par Molière
Cléonte en Turc, avec trois pages portant sa veste, Monsieur Jourdain, Covielle déguisé.
Cléonte
Ambousahim oqui boraf, iordina salamalequi.
Covielle
C’est-à-dire: ” Monsieur Jourdain, votre cœur soit toute l’année comme un rosier fleuri. ” Ce sont façons de parler obligeantes de ces pays-là.
Monsieur Jourdain
Je suis très humble serviteur de Son Altesse Turque.
Covielle
Carigar camboto oustin moraf.
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DOM JUAN, LA STATUE DU COMMANDEUR, qui vient se mettre à table, SGANARELLE, Suite.
DOM JUAN: Une chaise et un couvert, vite donc. (à Sganarelle.) Allons, mets-toi à table.
SGANARELLE: Monsieur, je n’ai plus de faim.
DOM JUAN: Mets-toi là, te dis-je. à boire. à la santé du Commandeur: je te la porte, Sganarelle. Qu’on lui donne du vin.
SGANARELLE: Monsieur, je n’ai pas soif.
DOM JUAN: Bois, et chante ta chanson, pour régaler le Commandeur.
SGANARELLE: Je suis enrhumé, Monsieur.
DOM JUAN: Il n’importe. Allons. Vous autres, venez, accompagnez sa voix.
LA STATUE: Dom Juan, c’est assez. Je vous invite à venir demain souper avec moi. En aurez-vous le courage ?
DOM LOUIS, DOM JUAN, SGANARELLE.
DOM LOUIS: Quoi ? mon fils, serait-il possible que la bonté du Ciel eût exaucé mes vœux ? Ce que vous me dites est-il bien vrai ? Ne m’abusez-vous point d’un faux espoir, et puis-je prendre quelque assurance sur la nouveauté surprenante d’une telle conversion ?
DOM JUAN, faisant l’hypocrite: Oui, vous me voyez revenu de toutes mes erreurs; je ne suis plus le même d’hier au soir, et le Ciel tout d’un coup a fait en moi un changement qui va surprendre tout le monde: il a touché mon âme et dessillé mes yeux, et je regarde avec horreur le long aveuglement où j’ai été, et les désordres criminels de la vie que j’ai menée. J’en repasse dans mon esprit toutes les abominations, et m’étonne comme le Ciel les a pu souffrir si longtemps, et n’a pas vingt fois sur ma tête laissé tomber les coups de sa justice redoutable. Je vois les grâces que sa bonté m’a faites en ne me punissant point de mes crimes; et je prétends en profiter comme je dois, faire éclater aux yeux du monde un soudain changement de vie, réparer par là le scandale de mes actions passées, et m’efforcer d’en obtenir du Ciel une pleine rémission. C’est à quoi je vais travailler; et je vous prie, Monsieur, de vouloir bien contribuer à ce dessein, et de m’aider vous-même à faire choix d’une personne qui me serve de guide, et sous la conduite de qui je puisse marcher sûrement dans le chemin où je m’en vais entrer.
Toinette, Cléante, Angélique, Argan
Toinette, par dérision. Ma foi, monsieur, je suis pour vous maintenant, et je me dédis de tout ce que je disais hier. Voici monsieur Diafoirus le père et monsieur Diafoirusl e fils qui viennent vous rendre visite. Que vous serez bien engendré ! Vous allez voir le garçon le mieux fait du monde et le plus spirituel. Il n’a dit que deux mots, qui m’ont ravie; et votre fille va être charmée de lui.
Argan, à Cléante, qui feint de vouloir s’en aller. Ne vous en allez point, monsieur. C’est que je marie ma fille; et voilà qu’on lui amène son prétendu mari, qu’elle n’a point encore vu.
Cléante
C’est m’honorer beaucoup, monsieur, de vouloir que je sois témoin d’une entrevue si agréable.
Argan
C’est le fils d’un habile médecin; et le mariage se fera dans quatre jours.
Le Bourgeois gentilhomme par Molière
Dorante, Covielle.
Covielle
Ha ! ha ! ha ! Ma foi ! cela est tout à fait drôle. Quelle dupe ! Quand il aurait appris son rôle par cœur, il ne pourrait pas le mieux jouer. Ah ! ah ! Je vous prie, Monsieur, de nous vouloir aider céans, dans une affaire qui s’y passe.
Dorante
Ah ! ah ! Covielle, qui t’aurait reconnu ? Comme te voilà ajusté !
Covielle
Vous voyez. Ah ! ah !
Dorante
De quoi ris-tu ?
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Monsieur Diafoirus, Thomas Diafoirus, Argan, Angélique, Cléante, Toinette
Argan, mettant la main à son bonnet, sans l’ôter.
Monsieur Purgon, monsieur, m’a défendu de découvrir ma tête. Vous êtes du métier: vous savez les conséquences.
Monsieur Diafoirus
Nous sommes dans toutes nos visites pour porter secours aux malades, et non pour leur porter de l’incommodité. Ils parlent tous deux en même temps, s’interrompant et confondant.
Argan
Je reçois, monsieur…
Monsieur Diafoirus
Nous venons ici, monsieur…