Dom Juan ou le Festin de pierre
Dom Juan, Sganarelle, un pauvre.
SGANARELLE: Enseignez-nous un peu le chemin qui mène à la ville.
LE PAUVRE: Vous n’avez qu’à suivre cette route, Messieurs, et détourner à main droite quand vous serez au bout de la forêt; mais je vous donne avis que vous devez vous tenir sur vos gardes, et que, depuis quelque temps, il y a des voleurs ici autour.
DOM JUAN: Je te suis bien obligé, mon ami, et je te rends grâce de tout mon cœur.
LE PAUVRE: Si vous vouliez, Monsieur, me secourir de quelque aumône ?
DOM JUAN: Ah ! ah ! ton avis est intéressé, à ce que je vois.
LE PAUVRE: Je suis un pauvre homme, Monsieur, retiré tout seul dans ce bois depuis dix ans, et je ne manquerai pas de prier le Ciel qu’il vous donne toute sorte de biens.
Argan, seul dans sa chambre,
assis, une table devant lui, compte des parties d’apothicaire avec des
jetons ; il fait, parlant à lui-même, les dialogues suivants :
Trois et deux font cinq, et cinq font dix, et dix font vingt ; trois et deux font cinq.
« Plus, du vingt-quatrième, un petit clystère insinuatif, préparatif et
rémollient, pour amollir, humecter et rafraîchir les entrailles de
monsieur ? » Ce qui me plaît de monsieur Fleurant, mon apothicaire,
c’est que ses parties sont toujours fort civiles. « Les entrailles de
monsieur, trente sols. » Oui ; mais, monsieur Fleurant, ce n’est pas
tout que d’être civil ; il faut être aussi raisonnable et ne pas
écorcher les malades. Trente sols un lavement ! Je suis votre serviteur,
je vous l’ai déjà dit ; vous ne me les avez mis dans les autres parties
qu’à vingt sols ; et vingt sols en langage d’apothicaire, c’est-à-dire
dix sols ; les voilà, dix sols.
Le Bourgeois gentilhomme par Molière
Cléonte, Lucile, Covielle, Nicole.
Nicole
Pour moi, j’en ai été toute scandalisée.
Lucile
Ce ne peut être, Nicole, que ce que je dis. Mais le voilà.
Cléonte
Je ne veux pas seulement lui parler.
Covielle
Je veux vous imiter.
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DOM JUAN, DOM CARLOS, SGANARELLE.
SGANARELLE: Mon maître est un vrai enragé d’aller se présenter à un péril qui ne le cherche pas; mais, ma foi ! le secours a servi, et les deux ont fait fuir les trois.
DOM CARLOS, l’épée à la main: On voit, par la fuite de ces voleurs, de quel secours est votre bras. Souffrez, Monsieur, que je vous rende grâce d’une action si généreuse, et que…
DOM JUAN, revenant l’épée à la main: Je n’ai rien fait, Monsieur, que vous n’eussiez fait en ma place. Notre propre honneur est intéressé dans de pareilles aventures, et l’action de ces coquins était si lâche, que c’eût été y prendre part que de ne s’y pas opposer. Mais par quelle rencontre vous êtes-vous trouvé entre leurs mains ?
Toinette, Argan
Toinette, en entrant dans la chambre.
On y va.
Argan
Ah ! chienne ! ah ! carogne !
Toinette, faisant semblant de s’être cogné la tête.
Diantre soit fait de votre impatience ! Vous pressez si fort les personnes, que je me suis donné un grand coup de la tête contre la carne d’un volet.
Argan, en colère
Ah ! traîtresse !…
Toinette, pour l’interrompre et l’empêcher de crier, se plaint toujours, en disant:
Le Bourgeois gentilhomme par Molière
Madame Jourdain, Cléonte, Lucile, Covielle, Nicole.
Madame Jourdain
Je suis bien aise de vous voir, Cléonte, et vous voilà tout à propos. Mon mari vient; prenez vite votre temps pour lui demander Lucile en mariage.
Cléonte
Ah ! Madame, que cette parole m’est douce, et qu’elle flatte mes désirs ! Pouvais-je recevoir un ordre plus charmant ? une faveur plus précieuse ?
Le Bourgeois gentilhomme ACTE III Scène XI
La pièce de Théâtre Le Bourgeois gentilhomme par Molière
DOM ALONSE, et trois Suivants, DOM CARLOS, DOM JUAN, SGANARELLE.
DOM ALONSE: Faites boire là mes chevaux, et qu’on les amène après nous; je veux un peu marcher à pied. O Ciel ! que vois-je ici ! Quoi ? mon frère, vous voilà avec notre ennemi mortel ?
DOM CARLOS: Notre ennemi mortel ?
DOM JUAN, se reculant de trois pas et mettant fièrement la main sur la garde de son épée: Oui, je suis Dom Juan moi-même, et l’avantage du nombre ne m’obligera pas à vouloir déguiser mon nom.
DOM ALONSE: Ah ! traître, il faut que tu périsses, et…
DOM CARLOS: Ah ! mon frère, arrêtez. Je lui suis redevable de la vie; et sans le secours de son bras, j’aurais été tué par des voleurs que j’ai trouvés.
Le Bourgeois gentilhomme par Molière
Monsieur Jourdain, Madame Jourdain, Cléonte, Lucile, Covielle, Nicole.
Cléonte
Monsieur, je n’ai voulu prendre personne pour vous faire une demande que je médite il y a longtemps. Elle me touche assez pour m’en charger moi-même; et, sans autre détour, je vous dirai que l’honneur d’être votre gendre est une faveur glorieuse que je vous prie de m’accorder.
Monsieur Jourdain
Avant que de vous rendre réponse, Monsieur, je vous prie de me dire si vous êtes gentilhomme.
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Angélique, Toinette, Argan
Argan
Approchez, Angélique: vous venez à propos; je voulais vous parler.
Angélique
Me voilà prête à vous ouïr.
Argan, courant au bassin.
Attendez. Donnez-moi mon bâton. Je vais revenir tout à l’heure.
Toinette, en le raillant.
Allez vite, monsieur allez. Monsieur Fleurant nous donne des affaires.
Le malade imaginaire ACTE I Scène 3
Le malade imaginaire
ACTE I Scène 3 de le malade imaginaire
Le malade imaginaire écrit par Molière sous la protection de Louis XIV
La pièce de Théâtre Le malade imaginaire par Molière
Angélique, Toinette
Angélique, la regardant d’un oeil languissant, lui dit confidemment.
Toinette !
Toinette
Quoi ?
Angélique
Regarde-moi un peu.
Toinette
Eh bien ! je vous regarde.
Angélique
Toinette !