Jamais auprès des fous ne te mets à portée:
Je ne te puis donner un plus sage conseil.
Il n’est enseignement pareil
A celui-là de fuir une tête éventée.
On en voit souvent dans les cours:
Le prince y prend plaisir; car ils donnent toujours
Quelque trait aux fripons, aux sots, aux ridicules.
Un fol allait criant par tous les carrefours
Qu’il vendait la sagesse, et les mortels crédules
De courir à l’achat; chacun fut diligent.
Je ne te puis donner un plus sage conseil.
Il n’est enseignement pareil
A celui-là de fuir une tête éventée.
On en voit souvent dans les cours:
Le prince y prend plaisir; car ils donnent toujours
Quelque trait aux fripons, aux sots, aux ridicules.
Un fol allait criant par tous les carrefours
Qu’il vendait la sagesse, et les mortels crédules
De courir à l’achat; chacun fut diligent.
Un bloc de marbre était si beau
Qu’un statuaire en fit l’emplette.
“Qu’en fera, dit-il, mon ciseau?
Sera-t-il dieu, table ou cuvette?
Il sera dieu: même si je veux
Qu’il ait en sa main un tonnerre.
Tremblez, humains! faites des voeux:
Voilà le maître de la terre.”
L’artisan exprima si bien
Le caractère de l’idole, Lire la suite...
Qu’un statuaire en fit l’emplette.
“Qu’en fera, dit-il, mon ciseau?
Sera-t-il dieu, table ou cuvette?
Il sera dieu: même si je veux
Qu’il ait en sa main un tonnerre.
Tremblez, humains! faites des voeux:
Voilà le maître de la terre.”
L’artisan exprima si bien
Le caractère de l’idole, Lire la suite...
L’Ecolier le Pédant et le Maître d’un jardin
Certain enfant qui sentait son collège,
Doublement sot et doublement fripon
Par le jeune âge et par le privilège
Qu’ont les pédants de gâter la raison,
Chez un voisin dérobait, ce dit-on,
Et fleurs et fruits. Ce voisin, en automne,
De plus beaux dons que nous offre Pomone
Avait la fleur, les autres le rebut.
Chaque saison apportait son tribut;
Certain enfant qui sentait son collège,
Doublement sot et doublement fripon
Par le jeune âge et par le privilège
Qu’ont les pédants de gâter la raison,
Chez un voisin dérobait, ce dit-on,
Et fleurs et fruits. Ce voisin, en automne,
De plus beaux dons que nous offre Pomone
Avait la fleur, les autres le rebut.
Chaque saison apportait son tribut;
Dieu fait bien ce qu'il fait.
Sans en chercher la preuve
En tout cet univers, et l'aller parcourant,
Dans les citrouilles je la treuve.
Un villageois, considérant
Combien ce fruit est gros et sa tige menue:
" A quoi songeait, dit-il, l'auteur de tout cela?
Il a bien mal placé cette citrouille-là
Hé parbleu! je l'aurais pendue
A l'un des chênes que voilà;
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Sans en chercher la preuve
En tout cet univers, et l'aller parcourant,
Dans les citrouilles je la treuve.
Un villageois, considérant
Combien ce fruit est gros et sa tige menue:
" A quoi songeait, dit-il, l'auteur de tout cela?
Il a bien mal placé cette citrouille-là
Hé parbleu! je l'aurais pendue
A l'un des chênes que voilà;
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Le singe avec le léopard
Gagnaient de l'argent à la foire.
Ils affichaient chacun à part.
L'un d'eux disait:" Messieurs, mon mérite et ma gloire
Sont connus en bon lieu.
Le roi m'a voulu voir;
Et, si je meurs, il veut avoir
Un manchon de ma peau: tant elle est bigarrée,
Pleine de taches, marquetée,
Et vergetée, et mouchetée!"
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Gagnaient de l'argent à la foire.
Ils affichaient chacun à part.
L'un d'eux disait:" Messieurs, mon mérite et ma gloire
Sont connus en bon lieu.
Le roi m'a voulu voir;
Et, si je meurs, il veut avoir
Un manchon de ma peau: tant elle est bigarrée,
Pleine de taches, marquetée,
Et vergetée, et mouchetée!"
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Deux pigeons s'aimaient d'amour tendre:
L'un d'eux, s'ennuyant au logis,
Fut assez fou pour entreprendre
Un voyage en lointain pays.
<'autre lui dit:" Qu'allez-vous faire? Voulez-vous quitter votre frère? L'absence est le plus grand des maux: Non pas pour vous, cruel! Au moins, que les travaux, Les dangers, les soins du voyage, Changent un peu votre courage. Lire la suite...
L'un d'eux, s'ennuyant au logis,
Fut assez fou pour entreprendre
Un voyage en lointain pays.
<'autre lui dit:" Qu'allez-vous faire? Voulez-vous quitter votre frère? L'absence est le plus grand des maux: Non pas pour vous, cruel! Au moins, que les travaux, Les dangers, les soins du voyage, Changent un peu votre courage. Lire la suite...
Grâce aux filles de mémoire,
J'ai chanté des animaux;
Peut-être des héros
M'auraient acquis moins de gloire.
Le loup, en langue des dieux,
Parle au chien dans mes ouvrages:
Les bêtes, à qui mieux mieux,
Y font divers personnages,
Les uns fous, les autres sages:
De telle sorte pourtant
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J'ai chanté des animaux;
Peut-être des héros
M'auraient acquis moins de gloire.
Le loup, en langue des dieux,
Parle au chien dans mes ouvrages:
Les bêtes, à qui mieux mieux,
Y font divers personnages,
Les uns fous, les autres sages:
De telle sorte pourtant
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Un lion décrépit, goutteux, n’en pouvant plus,
Voulait que l’on trouvât remède à la vieillesse.
Alléguer l’impossible aux rois, c’est un abus.
Celui-ci parmi chaque espèce
Manda des médecins; il en est de tous arts.
Médecins au lion viennent de toutes parts;
De tous côtés lui vient des donneurs de recettes.
Dans les visites qui sont faites,
Le renard se dispense et se tient clos et coi.
Le loup en fait sa cour, daubeau coucher du roi,
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Voulait que l’on trouvât remède à la vieillesse.
Alléguer l’impossible aux rois, c’est un abus.
Celui-ci parmi chaque espèce
Manda des médecins; il en est de tous arts.
Médecins au lion viennent de toutes parts;
De tous côtés lui vient des donneurs de recettes.
Dans les visites qui sont faites,
Le renard se dispense et se tient clos et coi.
Le loup en fait sa cour, daubeau coucher du roi,
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Fureur d'accumuler, monstre de qui les yeux
Regardent comme un point tous les bienfaits des dieux,
Te combattrai-je en vain sans cesse, en cet ouvrage ?
Quel temps demandes-tu pour suivre mes leçons ?
L'homme, sourd à ma voix comme à celle du sage,
Ne dira-t-il jamais : " C'est assez, jouissons " ?
– Hâte-toi mon ami, tu n'as pas tant à vivre.
Je te rebats ce mot, car il vaut tout un livre :
Jouis. – Je le ferai. – Mais quand donc ? – Dès demain.
– Eh! mon ami, la mort te peut prendre en chemin :
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Regardent comme un point tous les bienfaits des dieux,
Te combattrai-je en vain sans cesse, en cet ouvrage ?
Quel temps demandes-tu pour suivre mes leçons ?
L'homme, sourd à ma voix comme à celle du sage,
Ne dira-t-il jamais : " C'est assez, jouissons " ?
– Hâte-toi mon ami, tu n'as pas tant à vivre.
Je te rebats ce mot, car il vaut tout un livre :
Jouis. – Je le ferai. – Mais quand donc ? – Dès demain.
– Eh! mon ami, la mort te peut prendre en chemin :
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Que j'ai toujours haï les pensers du vulgaire !
Qu'il me semble profane, injuste et téméraire,
Mettant de faux milieux entre la chose et lui
Et mesurant par soi ce qu'il voit en autrui !
Le maître d'Epicure en fit l'apprentissage.
Son pays le crut fou : petits esprits ! Mais quoi ?
Aucun n'est prophète chez soi.
Ces gens étaient les fous, Démocrite le sage.
L'erreur alla si loin qu'Abdère députa
Vers Hippocrate et l'invita,
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Qu'il me semble profane, injuste et téméraire,
Mettant de faux milieux entre la chose et lui
Et mesurant par soi ce qu'il voit en autrui !
Le maître d'Epicure en fit l'apprentissage.
Son pays le crut fou : petits esprits ! Mais quoi ?
Aucun n'est prophète chez soi.
Ces gens étaient les fous, Démocrite le sage.
L'erreur alla si loin qu'Abdère députa
Vers Hippocrate et l'invita,
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