Les grands, pour la plupart, sont masques de théâtre;
Leur apparence impose au vulgaire idolâtre.
L’âne n’en sait juger que par ce qu’il en voit:
Le renard, au contraire, à fond les examine,
Les tourne de tout sens; et, quand il s’aperçoit
Que leur fait n’est que bonne mine,
Il leur applique un mot qu’un buste de héros
Lui fit dire fort à propos.
C’était un buste creux, et plus grand que nature.
Le renard, en louant l’effort de la sculpture:
«Belle tête, dit-il, mais de cervelle point.»
Jean de la Fontaine
Fable la Fontaine
Leur apparence impose au vulgaire idolâtre.
L’âne n’en sait juger que par ce qu’il en voit:
Le renard, au contraire, à fond les examine,
Les tourne de tout sens; et, quand il s’aperçoit
Que leur fait n’est que bonne mine,
Il leur applique un mot qu’un buste de héros
Lui fit dire fort à propos.
C’était un buste creux, et plus grand que nature.
Le renard, en louant l’effort de la sculpture:
«Belle tête, dit-il, mais de cervelle point.»
Jean de la Fontaine
Fable la Fontaine
Travaillez, prenez de la peine :
C’est le fonds qui manque le moins.
Un riche Laboureur, sentant sa mort prochaine,
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.
Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage
Que nous ont laissé nos parents.
Un trésor est caché dedans.
Je ne sais pas l’endroit ; mais un peu de courage
Vous le fera trouver, vous en viendrez à bout.
Remuez votre champ dès qu’on aura fait l’Oût. Lire la suite...
C’est le fonds qui manque le moins.
Un riche Laboureur, sentant sa mort prochaine,
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.
Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage
Que nous ont laissé nos parents.
Un trésor est caché dedans.
Je ne sais pas l’endroit ; mais un peu de courage
Vous le fera trouver, vous en viendrez à bout.
Remuez votre champ dès qu’on aura fait l’Oût. Lire la suite...
Le médecin Tant-pis allait voir un malade
Que visitait aussi son confrère Tant-mieux.
Ce dernier espérait, quoique son camarade
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Que visitait aussi son confrère Tant-mieux.
Ce dernier espérait, quoique son camarade
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Une souris tomba du bec d’un chat-huant:
Je ne l’eusse pas ramassée;
Mais un bramin le fit: je le crois aisément;
Chaque pays a sa pensée.
La souris était fort froissée.
De cette sorte de prochain
Nous nous soucions peu; mais le peuple bramin
Le traite en frère. Ils ont en tête
Que notre âme, au sortir d’un roi,
Entre dans un ciron, ou dans telle autre bête Lire la suite...
Je ne l’eusse pas ramassée;
Mais un bramin le fit: je le crois aisément;
Chaque pays a sa pensée.
La souris était fort froissée.
De cette sorte de prochain
Nous nous soucions peu; mais le peuple bramin
Le traite en frère. Ils ont en tête
Que notre âme, au sortir d’un roi,
Entre dans un ciron, ou dans telle autre bête Lire la suite...
Un pincemaille avait tant amassé
Qu’il ne savait où loger sa finance.
L’avarice, compagne et soeur de l’ignorance,
Le rendait fort embarrassé
Dans le choix d’un dépositaire;
Car il en voulait un, et voici sa raison: ”
L’objet tente; il faudra que ce monceau s’altère
Si je le laisse à la maison:
Moi-même de mon bien je serai le larron.
-Le larron? Quoi? jouir, c’est se voler soi-même? Lire la suite...
Qu’il ne savait où loger sa finance.
L’avarice, compagne et soeur de l’ignorance,
Le rendait fort embarrassé
Dans le choix d’un dépositaire;
Car il en voulait un, et voici sa raison: ”
L’objet tente; il faudra que ce monceau s’altère
Si je le laisse à la maison:
Moi-même de mon bien je serai le larron.
-Le larron? Quoi? jouir, c’est se voler soi-même? Lire la suite...
Un loup rempli d’humanité
(S’il en est de tels dans le monde)
Fit un jour sur sa cruauté,
Quoiqu’il ne l’exerçât que par nécessité,
Une réflexion profonde.
“Je suis haï, dit-il; et de qui? d’un chacun.
Le loup est l’ennemi commun:
Chiens, chasseurs, villageois, s’assemblent pour sa perte;
Jupiter est là-haut étourdi de leurs cris:
C’est par là que de loups l’Angleterre est déserte
, On y mit notre tête à prix. Lire la suite...
(S’il en est de tels dans le monde)
Fit un jour sur sa cruauté,
Quoiqu’il ne l’exerçât que par nécessité,
Une réflexion profonde.
“Je suis haï, dit-il; et de qui? d’un chacun.
Le loup est l’ennemi commun:
Chiens, chasseurs, villageois, s’assemblent pour sa perte;
Jupiter est là-haut étourdi de leurs cris:
C’est par là que de loups l’Angleterre est déserte
, On y mit notre tête à prix. Lire la suite...
“O Jupiter, qui sus de ton cerveau,
Par un secret d’accouchement nouveau,
Tirer Pallas, jadis mon ennemie,
Entends ma plainte une fois en ta vie!
Progné me vient enlever les morceaux;
Caracolant, frisant l’air et les eaux,
Elle me prend mes mouches à ma porte:
Miennes je puis les dire; et mon réseau
En serait plein sans ce maudit oiseau:
Je l’ai tissu de matière assez forte.”
Ainsi, d’un discours insolent,
Se plaignait l’araignée autrefois tapissière, Lire la suite...
Par un secret d’accouchement nouveau,
Tirer Pallas, jadis mon ennemie,
Entends ma plainte une fois en ta vie!
Progné me vient enlever les morceaux;
Caracolant, frisant l’air et les eaux,
Elle me prend mes mouches à ma porte:
Miennes je puis les dire; et mon réseau
En serait plein sans ce maudit oiseau:
Je l’ai tissu de matière assez forte.”
Ainsi, d’un discours insolent,
Se plaignait l’araignée autrefois tapissière, Lire la suite...
Parmi de certains coqs, incivils, peu galants,
Toujours en noise, et turbulents,
Une perdrix était nourrie.
Son sexe et l’hospitalité,
De la part de ces coqs, peuple à l’amour porté,
Lui faisaient espérer beaucoup d’honnêteté:
Ils feraient les honneurs de la ménagerie.
Ce peuple cependant, fort souvent en furie,
Pour la dame étrangère ayant peu de respect,
Lui donnait fort souvent d’horribles coups de bec.
Toujours en noise, et turbulents,
Une perdrix était nourrie.
Son sexe et l’hospitalité,
De la part de ces coqs, peuple à l’amour porté,
Lui faisaient espérer beaucoup d’honnêteté:
Ils feraient les honneurs de la ménagerie.
Ce peuple cependant, fort souvent en furie,
Pour la dame étrangère ayant peu de respect,
Lui donnait fort souvent d’horribles coups de bec.
“Qu’ai-je fait, pour me voir ainsi
Mutilé par mon propre maître?
Le bel état où me voici!
Devant les autres chiens oserai-je paraître?
O rois des animaux, ou plutôt leurs tyrans,
Qui vous feraient choses pareilles…”
Ainsi criait Mouflar, jeune dogue; et les gens,
Peu touchés de ses cris douloureux et perçants,
Venaient de lui couper sans pitié les oreilles. Lire la suite...
Mutilé par mon propre maître?
Le bel état où me voici!
Devant les autres chiens oserai-je paraître?
O rois des animaux, ou plutôt leurs tyrans,
Qui vous feraient choses pareilles…”
Ainsi criait Mouflar, jeune dogue; et les gens,
Peu touchés de ses cris douloureux et perçants,
Venaient de lui couper sans pitié les oreilles. Lire la suite...
Deux démons à leur gré partagent notre vie,
Et de son patrimoine ont chassé la raison;
Je ne vois point de coeur qui ne leur sacrifie:
Si vous me demandez leur état et leur nom,
J’appelle l’un amour et l’autre ambition.
Cette dernière étend le plus loin son empire;
Car même elle entre dans l’amour.
Je le ferais bien voir; mais mon but est de dire
Comme un roi fit venir un berger à sa cour.
Le conte est du bon temps, non du siècle où nous sommes. Lire la suite...
Et de son patrimoine ont chassé la raison;
Je ne vois point de coeur qui ne leur sacrifie:
Si vous me demandez leur état et leur nom,
J’appelle l’un amour et l’autre ambition.
Cette dernière étend le plus loin son empire;
Car même elle entre dans l’amour.
Je le ferais bien voir; mais mon but est de dire
Comme un roi fit venir un berger à sa cour.
Le conte est du bon temps, non du siècle où nous sommes. Lire la suite...