Je suis née à l’hiver mil neuf cent cinquante sept,
Et la gueule du froid m’y a ensorcelée,
Et la neige tombait, attisant la tempête,
Dans des langes givrés, ma mère m’a vêlée.
C’était en février, qu’au berceau de ma vie,
La bise s’invita, mi-démon et mi-ange,
Bénissant ma venue d’un baisé engourdi,
Epinglant, sur ma robe, une rose blanche.
Et j’ai tété le lait, avide jouvencelle,
Dans mon nid de rubans, me suis épanouie,
Valentin m’a donné un cœur de ménestrel,
C’est aux vers de Rimbaud que mon âme a mûrie.
Je vous offre le grain de ma riche moisson,
Même si quelques fois, la saccagent les larmes,
Et mon âme abreuvée de mes poèmes féconds,
Et de ces mélopées qui jamais ne désarment.