L’Avare ACTE III Scène 9
Harpagon, Mariane, Frosine.
Harpagon à Mariane.
Ne vous offensez pas, ma belle, si je viens à vous avec des lunettes. Je sais que vos appas frappent assez les yeux, sont assez visibles d’eux-mêmes, et qu’il n’est pas besoin de lunettes pour les apercevoir; mais enfin, c’est avec des lunettes qu’on observe les astres, et je maintiens et garantis que vous êtes un astre, mais un astre, le plus bel astre qui soit dans le pays des astres. Frosine, elle ne répond mot et ne témoigne, ce me semble, aucune joie de me voir.
Frosine
C’est qu’elle est encore toute surprise; et, puis les filles ont toujours honte à témoigner d’abord ce qu’elles ont dans l’âme.
Harpagon à Frosine.
Tu as raison. (à Mariane.) Voilà, belle mignonne, ma fille qui vient vous saluer.
L’Avare par Jean Baptiste Poquelin: Molière
Le Tour du monde en quatre-vingts jours Chapitre XVII
où il est question de choses et d’autres pendant la traversée de singapore à hong-kong.
Depuis ce jour, Passepartout et le détective se rencontrèrent fréquemment, mais l’agent se tint dans une extrême réserve vis-à-vis de son compagnon, et il n’essaya point de le faire parler. Une ou deux fois seulement, il entrevit Mr. Fogg, qui restait volontiers dans le grand salon du Rangoon, soit qu’il tînt compagnie à Mrs. Aouda, soit qu’il jouât au whist, suivant son invariable habitude.
Quant à Passepartout, il s’était pris très sérieusement à méditer sur le singulier hasard qui avait mis, encore une fois, Fix sur la route de son maître. Et, en effet, on eût été étonné à moins. Ce gentleman, très aimable, très complaisant à coup sûr, que l’on rencontre d’abord à Suez, qui s’embarque sur le Mongolia, qui débarque à Bombay, où il dit devoir séjourner, que l’on retrouve sur le Rangoon, faisant route pour Hong-Kong, en un mot, suivant pas à pas l’itinéraire de Mr. Fogg, cela valait la peine qu’on y réfléchît. Il y avait là une concordance au moins bizarre. À qui en avait ce Fix ? Passepartout était prêt à parier ses babouches — il les avait précieusement conservées — que le Fix quitterait Hong-Kong en même temps qu’eux, et probablement sur le même paquebot.
Britannicus ACTE III Scène III
Agrippine, Burrhus, Albine
Agrippine
Eh bien ! je me trompais, Burrhus, dans mes soupçons ?
Et vous vous signalez par d’illustres leçons !
On exile Pallas, dont le crime peut-être
Est d’avoir à l’empire élevé votre maître.
Vous le savez trop bien: jamais, sans ses avis,
Claude qu’il gouvernait n’eût adopté mon fils.
Que dis-je ? À son épouse on donne une rivale;
Le Tour du monde en quatre-vingts jours Chapitre XVIII
dans lequel phileas fogg, passepartout, fix, chacun de son côté, va à ses affaires.
Pendant les derniers jours de la traversée, le temps fut assez mauvais. Le vent devint très fort. Fixé dans la partie du nord-ouest, il contraria la marche du paquebot. Le Rangoon, trop instable, roula considérablement, et les passagers furent en droit de garder rancune à ces longues lames affadissantes que le vent soulevait du large.
Pendant les journées du 3 et du 4 novembre, ce fut une sorte de tempête. La bourrasque battit la mer avec véhémence. Le Rangoon dut mettre à la cape pendant un demi-jour, se maintenant avec dix tours d’hélice seulement, de manière à biaiser avec les lames. Toutes les voiles avaient été serrées, et c’était encore trop de ces agrès qui sifflaient au milieu des rafales.
La vitesse du paquebot, on le conçoit, fut notablement diminuée, et l’on put estimer qu’il arriverait à Hong-Kong avec vingt heures de retard sur l’heure réglementaire, et plus même, si la tempête ne cessait pas.
Des différences d’opinions qui sont inséparables de la faiblesse de l’esprit humain, de la multitude des aspects
L’Avare ACTE III Scène 10
Harpagon, Élise, Mariane, Frosine.
Mariane
Je m’acquitte bien tard, Madame, d’une telle visite.
Élise
Vous avez fait, Madame, ce que je devais faire, et c’était à moi de vous prévenir.
Harpagon
Vous voyez qu’elle est grande; mais mauvaise herbe croît toujours.
Mariane bas, à Frosine.
Oh ! l’homme déplaisant !
Harpagon bas, à Frosine.
Que dit la belle ?
Frosine
Qu’elle vous trouve admirable.
Harpagon
C’est trop d’honneur que vous me faites, adorable mignonne.
Britannicus ACTE III Scène IV
Agrippine, Albine
Albine
Dans quel emportement la douleur vous engage,
Madame ! L’empereur puisse-t-il l’ignorer !
Agrippine
Ah ! lui-même à mes yeux puisse-t-il se montrer !
Albine
Madame, au nom des dieux, cachez votre colère.
Quoi ? pour les intérêts de la sœur ou du frère,
Le Tour du monde en quatre-vingts jours Chapitre XIX
où passepartout prend un trop vif intérêt à son maître, et ce qui s’ensuit.
Hong-Kong n’est qu’un îlot, dont le traité de Nanking, après la guerre de 1842, assura la possession à l’Angleterre. En quelques années, le génie colonisateur de la Grande-Bretagne y avait fondé une ville importante et créé un port, le port Victoria. Cette île est située à l’embouchure de la rivière de Canton, et soixante milles seulement la séparent de la cité portugaise de Macao, bâtie sur l’autre rive. Hong-Kong devait nécessairement vaincre Macao dans une lutte commerciale, et maintenant la plus grande partie du transit chinois s’opère par la ville anglaise. Des docks, des hôpitaux, des wharfs, des entrepôts, une cathédrale gothique, un “ government-house “, des rues macadamisées, tout ferait croire qu’une des cités commerçantes des comtés de Kent ou de Surrey, traversant le sphéroïde terrestre, est venue ressortir en ce point de la Chine, presque à ses antipodes.
Passepartout, les mains dans les poches, se rendit donc vers le port Victoria, regardant les palanquins, les brouettes à voile, encore en faveur dans le Céleste Empire, et toute cette foule de Chinois, de Japonais et d’Européens, qui se pressait dans les rues. À peu de choses près, c’était encore Bombay, Calcutta ou Singapore, que le digne garçon retrouvait sur son parcours. Il y a ainsi comme une traînée de villes anglaises tout autour du monde.