Il n’existe pas une âme vraiment digne de ce nom qui ne soit hantée par cette moderne convoitise.
J’ai renoncé à compter les lettres quotidiennes où d’aimables correspondants me prient de faire part aux masses de tel ou tel record qu’ils ont la prétention de détenir.
Dans l’impossibilité de publier toute cette correspondance, j’ai procédé par voie de tirage au sort et les records que je vais avoir l’honneur, messieurs et mesdames, de vous présenter, sont:
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D’abord, moi, quand j’étais jeune fille, il y a une phrase qui revenait souvent dans la conversation des personnes graves et qui m’intriguait beaucoup. Les personnes graves répétaient à mi-voix et avec des petits airs pudiques et idiots: On ne doit jamais se conduire avec sa femme comme on se conduit avec sa maîtresse. Dans mon vif désir de m’instruire, je m’informais: Comment se conduit-on avec sa femme ? Comment se conduit-on avec sa maîtresse ? Et il fallait voir la tête ahurie des bonnes femmes ! Au fond, je crois qu’elles n’avaient, sur ce sujet, que des notions très superficielles. Alors, elles me faisaient des réponses flasques et mucilagineuses: Eh bien ! mon enfant, voici: les messieurs tiennent, devant leurs maîtresses, des propos qu’ils ne doivent pas tenir devant leur femme… Les messieurs vont avec leurs maîtresses dans des endroits où ils ne doivent pas amener leur femme “, etc., etc… J’avais beaucoup de peine à me payer de ces raisons, et un jour je faillis flanquer une attaque d’apoplexie à une grosse dame pudibonde, en lui demandant froidement: Est-ce que les messieurs embrassent leurs maîtresses d’une certaine façon qu’ils ne doivent pas employer avec leur femme ? À part moi, je me disais confidentiellement: Toi, ma petite amie, quand tu seras mariée, tu prieras ton mari de te traiter en femme légitime d’abord, et puis ensuite en maîtresse “, me réservant, bien entendu, de choisir le mode de traitement qui conviendrait le mieux à mon tempérament.
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Mon cher Paul,
Vous permettez, n’est-ce pas, que je vous appelle Mon cher Paul, bien que je n’aie jamais eu l’honneur de vous être présenté, pas plus que vous n’eûtes l’avantage de faire ma connaissance ?
Je vous ai rencontré plusieurs fois, drapé d’espérance (laissez-moi poétiser ainsi votre longue redingote verte). Les pans de cette redingote claquaient au vent, tel un drapeau, et vous me plûtes.
Et puis, qu’importent les présentations ? Entre certaines natures, on se comprend tout de suite; on essuie une larme furtive, on réprime un geste d’espérance et on s’appelle Mon cher Paul.
Comme vous, mon cher Paul, je n’ai rien oublié. Comme vous, je ronge le frein de l’espoir.
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