L’infante, Léonor
L’infante
Hélas ! que dans l’esprit je sens d’inquiétude !
Je pleure ses malheurs, son amant me ravit;
Mon repos m’abandonne, et ma flamme revit.
Ce qui va séparer Rodrigue de Chimène
Fait renaître à la fois mon espoir et ma peine;
Et leur division, que je vois à regret,
Le Petit Poucet
Il était une fois un bûcheron et une bûcheronne qui avaient sept enfants, tous garçons; l’aîné n’avait que dix ans, et le plus jeune n’en avait que sept.
On s’étonnera que le bûcheron ait eu tant d’enfants en si peu de temps; mais c’est que sa femme allait vite en besogne, et n’en avait pas moins de deux à la fois.
Ils étaient fort pauvres, et leurs sept enfants les incommodaient beaucoup, parce qu’aucun d’eux ne pouvait encore gagner sa vie. Ce qui les chagrinait encore, c’est que le plus jeune était fort délicat et ne disait mot: prenant pour bêtise ce qui était une marque de la bonté de son esprit.
La Belle au bois dormant
alt=”La belle au bois dormant”
Il était une fois un Roi et une Reine qui étaient si fâchés de n’avoir point d’enfants, si fâchés qu’on ne saurait dire. Ils allèrent à toutes les eaux du monde, vœux, pèlerinages, menues dévotions; tout fut mis en œuvre, et rien n’y faisait.
Enfin pourtant la Reine devint grosse, et accoucha d’une fille: on fit un beau Baptême; on donna pour Marraines à la petite Princesse toutes les Fées qu’on pût trouver dans le Pays (il s’en trouva sept), afin que chacune d’elles lui faisant un don, comme c’était la coutume des Fées en ce temps-là, la Princesse eût par ce moyen toutes les perfections imaginables.
Après les cérémonies du Baptême toute la compagnie revint au Palais du Roi, où il y avait un grand festin pour les Fées. On mit devant chacune d’elles un couvert magnifique, avec un étui d’or massif, où il y avait une cuiller, une fourchette, et un couteau de fin or, garni de diamants et de rubis. Mais comme chacun prenait sa place à table, on vit entrer une vieille Fée qu’on n’avait point priée parce qu’il y avait plus de cinquante ans qu’elle n’était sortie d’une Tour et qu’on la croyait morte, ou enchantée.
alt=”” Lire la suite...
DOM ALONSE, et trois Suivants, DOM CARLOS, DOM JUAN, SGANARELLE.
DOM ALONSE: Faites boire là mes chevaux, et qu’on les amène après nous; je veux un peu marcher à pied. O Ciel ! que vois-je ici ! Quoi ? mon frère, vous voilà avec notre ennemi mortel ?
DOM CARLOS: Notre ennemi mortel ?
DOM JUAN, se reculant de trois pas et mettant fièrement la main sur la garde de son épée: Oui, je suis Dom Juan moi-même, et l’avantage du nombre ne m’obligera pas à vouloir déguiser mon nom.
DOM ALONSE: Ah ! traître, il faut que tu périsses, et…
DOM CARLOS: Ah ! mon frère, arrêtez. Je lui suis redevable de la vie; et sans le secours de son bras, j’aurais été tué par des voleurs que j’ai trouvés.
Engraisser le sillon du laboureur anonyme, tel est le véritable avenir du véritable soldat. Extrait du Voyage au bout de la nuit Une citation de Louis-Ferdinand Céline
La réputation est un préjugé vain et fallacieux: souvent gagnée sans mérite
La Barbe bleue
Il était une fois un homme qui avait de belles maisons à la ville et à la campagne, de la vaisselle d’or et d’argent, des meubles en broderies et des carrosses tout dorés. Mais, par malheur, cet homme avait la barbe bleue: cela le rendait si laid et si terrible, qu’il n’était ni femme ni fille qui ne s’enfuît de devant lui.
Une de ses voisines, dame de qualité, avait deux filles parfaitement belles. Il lui en demanda une en mariage, et lui laissa le choix de celle qu’elle voudrait lui donner. Elles n’en voulaient point toutes deux, et se le renvoyaient l’une à l’autre, ne pouvant se résoudre à prendre un homme qui eût la barbe bleue. Ce qui les dégoûtait encore, c’est qu’il avait déjà épousé plusieurs femmes, et qu’on ne savait ce que ces femmes étaient devenues.