choisie, sage complice d’ignorances,
Te dirai-je mon amante ? Non point, tu ne le permettrais pas.
Ma parente ? Ce lien pouvait exister entre nous. Mon aimée ?
Toi ni moi ne savions aimer encore.
Relent du passé ; odeur des moments défunts.
Long écho sans mur et goût salé des embruns
Des âges ; reflux assaillant comme les Huns.
Mais tu ne viens pas de leurs plaines maléfiques :
Tu n’es point comme eux poudré de sable et de brique,
Tu ne descends pas des plateaux géographiques
Ni des ailleurs, – des autrefois : du fond du temps.
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Tombe le torrent des pleurs et des gratitudes ;
Le Ciel renversé pleut sur moi sa plénitude
Toute l’abondance a cataracté sur moi.
Vertige alourdi de chairs et de sangs terrestres.
Inanité de voler si haut sans appât :
Vautour pris au bleu ; agonisant sans trépas ;
Couper les liens ? un géant n’oserait pas.
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aimerait à pénétrer ; ce n’est point vers l’aube fade, informe
et crépusculaire, que ceci, laissé libre, voudrait s’orienter ;
Ce n’est pas pour un lecteur littéraire, même en faveur d’un
calligraphe, que ceci a tant de plaisir à être dit :
Mais pour Elle.
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le roc afin de bâtir éternel !
Ils vénèrent des tombeaux dont la gloire est d’exister encore ; des ponts
renommés d’être vieux et des temples de pierre trop dure dont pas une
assise ne joue.
Ils vantent que leur ciment durcit avec les soleils ; les lunes meurent
en polissant leurs dalles ; rien ne disjoint la durée dont ils s’affublent
ces ignorants, ces barbares !
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rumeurs montent à la tête. Le sang, comme un peuple irrité,
bat le palais de mes enchantements.
La famine est dans mon coeur. La famine dévore mon coeur :
des êtres naissent à demi, sans âmes, sans forces, issus d’un
trouble sans nom.
Puis on se tait. On attend. Que par un bon vouloir s’abreuvent
de nouveau vie et plénitude.
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le plus cher. Mes pas ont dépecé l’horrible espace entre nous.
De longtemps nos pensers n’habitaient plus le même instant
du monde : les voici à nouveau sous les mêmes influx, pénétrés
des mêmes rayons.
Les lacs, dans leurs paumes rondes noient le visage du Ciel :
J’ai tourné la sphère pour observer le Ciel.
Les lacs, frappés d’échos fraternels en nombre douze :
J’ai fondu les douze cloches qui fixent les tons musicaux.
Ton essence vraie et ta multiple hypostase :
Tes noms ; tes tributs ; l’orbe que ton orbe écrase :
Contemplation qui se résout en extase :
Tu es lourd de science et plus léger que fumée.
Pénétrant et fin comme esprit et les échos.
Tu es riche d’ans : ô Premier né du Chaos.
Tu sais discerner l’imbécile et le héros.
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double écho de l’un à l’autre coeur !
Nous aimions, nous décidions en la même confiance : l’un à
l’autre fidèles en termes plus clairs que le grand ciel sec de
l’hiver.
Las ! le mauvais printemps est venu, et le vent trouble et le
sable en tourmente jaune. J’avais promis,
Je n’ai pas tenu. L’écho s’étouffe. C’est fini. – Ce jour glorieux
d’abandon, ah ! que n’ai-je été dur et sourd et sans paroles !
O générosité fourbe, jade faux blessant au coeur plus que
l’indifférence au coeur de porcelaine !
Victor Segalen