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Le petit Chose est malade; le petit Chose va mourir… Devant le passage du Saumon, une large litière de paille qu’on renouvelle tous les deux jours fait dire aux gens de la rue: ” Il y a là haut quelque vieux richard en train de mourir… ” Ce n’est pas un vieux richard qui va mourir, c’est le petit Chose… Tous les médecins l’ont condamné. Deux fièvres typhoïdes en deux ans, c’est beaucoup trop pour ce cervelet d’oiseau-mouche ! Allons ! vite, attelez la voiture noire ! Que la grande sauterelle prépare sa baguette d’ébène et son sourire désolé ! le petit Chose est malade; le petit Chose va mourir.
Il faut voir quelle consternation dans l’ancienne maison Lalouette ! Pierrotte ne dort plus; les yeux noirs se désespèrent. La dame de grand mérite feuillette son Raspail avec frénésie, en suppliant le bienheureux saint Camphre de faire un nouveau miracle en faveur du cher malade… Le salon jonquille est condamné, le piano mort, la flûte enclouée. Mais le plus navrant de tout, oh ! le plus navrant c’est une petite robe noire assise dans un coin de la maison, et tricotant du matin au soir, sans rien dire, avec de grosses larmes qui coulent.
Or, tandis que l’ancienne maison Lalouette se lamente ainsi nuit et jour, le petit Chose est bien tranquillement couché dans un dans un grand lit de plumes, sans se douter des pleurs qu’il fait répandre autour de lui. Il a les yeux ouverts, mais il ne voit rien; les objets ne vont pas jusqu’à son âme. Il n’entend rien non plus, rien qu’un bourdonnement sourd, un roulement confus, comme s’il avait: pour oreilles deux coquilles marines; ces grosses coquilles à lèvres roses où l’on entent ronfler la mer. Il ne parle pas, il ne pense pas: vous diriez une fleur malade… Pourvu qu’on lui tienne une compresse d’eau fraîche sur la tête et un morceau de glace dans la bouche, c’est tout ce qu’il demande. Quand la glace est fondue, quand la compresse est desséchée au feu de son crâne, il pousse un grognement: c’est toute sa conversation.
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L’agonie De La Sémillante
Puisque le mistral de l’autre nuit nous a jetés sur la côte corse, laissez-moi vous raconter une terrible histoire de mer dont les pêcheurs de là-bas parlent souvent à la veillée, et sur laquelle le hasard m’a fourni des renseignements fort curieux.
…Il y a deux ou trois ans de cela.
Je courais la mer de Sardaigne en compagnie de sept ou huit matelots douaniers. Rude voyage pour un novice ! De tout le mois de mars, nous n’eûmes pas un jour de bon. Le vent d’est s’était acharné après nous, et la mer ne décolérait pas.
Un soir que nous fuyions devant la tempête, notre bateau vint se réfugier à l’entrée du détroit de Bonifacio, au milieu d’un massif de petites îles… Leur aspect n’avait rien d’engageant: grands rocs pelés, couverts d’oiseaux, quelques touffes d’absinthe, des maquis de lentisques, et, çà et là, dans la vase, des pièces de bois en train de pourrir: mais, ma foi, pour passer la nuit, ces roches sinistres valaient encore mieux que le rouf d’une vieille barque à demi pontée, où la lame entrait comme chez elle, et nous nous en contentâmes.
A peine débarqués, tandis que les matelots allumaient du feu pour la bouillabaisse, le patron m’appela, et, me montrant un petit enclos de maçonnerie blanche perdu dans la brume au bout de l’île:
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Faut-il dire que les enfants délivrent la femme de l'homme ? La vérité est qu'elle passe d'un joug à un autre joug.L'éducation des filles Une citation de François Mauriac
La poussière n’est pas encore le néant: elle aussi doit être