La cité le contemple avec orgueil et joie ; Il ouvre aux travailleurs une nouvelle voie, Une plus vaste arène, un plus large horizon. Il eût émerveillé Rhodes, Ephèse et Rome… Et les lourds chariots et les bêtes de somme Auront pour ce géant le poids de l’oisillon.
À l’honorable M. A.-R. Angers ancien gouverneur de la province de Québec Voilé par un bosquet, loin de tout œil profane, C’est l’asile du rêve et du recueillement. Que le printemps éclose, ou que l’été se fane, Seul, par moments, le bruit du fleuve diaphane Rompt le calme embaumé de cet endroit charmant.
À M.-E. Morrier Un régiment anglais marchait sur Saint-Eustache, Où Chénier, insurgé sans peur comme sans tache, Retranché dans l’église avec cent paroissiens, Soldats improvisés dignes des temps anciens, Attendait, l’arme au poing, l’approche de Colborne.
C’était le soir d’un jour de fête, La fête du Saint-Sacrement. Sur chaque toit, sur chaque faîte Des drapeaux flottaient mollement.
Sous un abri grossier que le charbon enfume, Dans un recoin rougi d’une chaude lueur, La manche retroussée et le front en sueur, Le vaillant forgeron frappe sur son enclume.
Derrière deux grands bœufs ou deux lourds percherons L’homme marche courbé dans le pré solitaire, Ses poignets musculeux rivés aux mancherons De la charrue ouvrant le ventre de la terre.
À M. le lieutenant-colonel A. Audet L’autre jour, j’errais seul au milieu d’une plaine Que le soleil de mai noyait de ses rayons… Après avoir longé quelque temps des sillons, Je m’assis sous l’ombrage ondoyant d’un grand chêne.
Issu des immortels pionniers d’autrefois, Robuste et courageux comme l’étaient ses pères, Qui bravaient l'Iroquois jusque dans ses repaires, Un jeune bûcheron s’enfonce sous les bois.
Le doux printemps sourit à la terre charmée, Et mai fait reverdir les prés et les forêts ; Des souffles enivrants agitent la ramée ; Des nuages d’encens s’élèvent des guérets ; Et l’oiseau, sous le dais de la branche embaumée, Mêle sa voix aux chants des ruisseaux clairs et frais.
Le soleil fond la neige et fait rayonner l’eau ; Dans les branches frémit la sève prisonnière ; Et l’érable, sentant la chaleur printanière, Verse ses pleurs de miel au godet de bouleau.