Le soleil brûle au fond de l’immense ciel bleu. Pas un lambeau de vent ne traîne sur les ondes. La canicule étreint dans un cercle de feu Jusqu’aux sapins touffus des savanes profondes.
Très tard le soleil sombre à l’horizon fumant, Qui garde dans la nuit ses luisantes traînées. Le fécond Prairial sous un clair firmament Prodigue la splendeur des plus longues journées.
Sur le Fleuve ruisselle une lumière chaude, Et l’immuable azur sourit au flot mouvant. Le feuillage tressaille aux caresses du vent. Où le givre brillait rayonne l’émeraude.
Aux rayons rutilants d’Avril la neige fond, Chaque route s’effondre et tout sentier s’efface, Les vastes flots grondants du Fleuve écumeux font Voler en lourds éclats ses entraves de glace.
L’interminable hiver tente un dernier effort, Pour enfouir la terre et refroidir l’espace : Sous le souffle effréné de l’ouragan du nord De plus en plus la neige en tourbillons s’entasse.
Le soleil maintenant allonge son parcours ; L’aube plus tôt sourit aux bois impénétrables ; Mais l’air est toujours vif, l’autan rugit toujours Parmi les rameaux nus et glacés des érables.
Il fait froid. Les blizzards soufflent, et nul rayon Ne dore des forêts les blancheurs infinies ; Mais Noël sur nos seuils laissa comme un sillon De clartés, de parfums, de paix et d’harmonies.
Tu n’as jamais sondé des yeux l’immensité De nos bois giboyeux, de nos fertiles plaines ; Notre fier Saint-Laurent n’a jamais reflété Ta voile dans les plis de son grand flot bleuté. Et tu t’épris pourtant des plages canadiennes.
Nous sommes des fils de guerriers, Et nos pères, pleins de vaillance, Vinrent au bord d’un fleuve immense Planter leurs étendards altiers. Durant un siècle, sur nos plages Ces lutteurs au bras redouté Pour la France et la chrétienté Déployèrent tous les courages.
I Le front nimbé des purs rayons de la fierté, Le torse débordant de la sève féconde Qui gonfle les rameaux de l’arbre Liberté, Cent ans au Canada la France avait lutté Pour peupler de ses fils le sol de tout un monde.