Paspébiac s’éveille. ― À peine l’aube glisse Ses premières lueurs sur l’infini mouvant, Que l’un des vieux pêcheurs du faubourg déjà hisse Sa voilure ondoyante au souffle âpre du vent.
À Joseph Rouleau. La débâcle a grossi l’Etchemin, qui naguères Sous la glace tordait ses ondes prisonnières, Et, le canthook aux bras, les flotteurs fiers et forts Drayent les lourds billots échoués sur ses bords, Ou sur les rocs trouant au large l’eau glacée, Font glisser sur les flots la forêt terrassée Par le fer…
Au Docteur Georges Cloutier. Quand le gel d’octobre a dépouillé les érables, Que le vent refroidi fait écumer les flots, Hache et fusil aux poings et lourd bissac au dos, Le trappeur disparaît sous les bois insondables.
Si les faits ne correspondent pas à la théorie, changez les faits.
Ce n'est pas que je suis si intelligent, c'est que je reste plus
poesie de William Chapman Il neige incessamment, il neige jour et nuit. Le mont est blanc, le val est blanc, la plaine est blanche. Tout s’efface, tout sombre et tout s’évanouit Sous les flots de l’immense et muette avalanche.
L’érable nu frissonne, et de jaunes débris Chaque sentier se couvre et chaque seuil s’encombre. La rafale à travers les branches a des cris Plaintifs comme le glas qui sanglote dans l’ombre.
Le ciel est tout couvert de nuages marbrés. L’écho vibre au lointain comme un bronze d’alarmes. Chaque nuit le gel mord les rameaux diaprés, Et les feuilles des bois tombent comme des larmes.
Sur le chaume odorant des champs silencieux L’âpre paysan lie encore les javelles. Des torrents de rayons plus chauds tombent des cieux. Le Fleuve est caressé par des brises nouvelles.
Le soleil est toujours brûlant ; et les blés d’or, Autour des seuils, au bord des eaux, le long des sentes, Au souffle assoupissant du fiévreux Thermidor Balancent tristement leurs ondes languissantes.