J’ai bâti quelquefois ce projet fantastique
De sortir un matin, dès le soleil levant,
Afin de voir du jour le réveil magnifique,
Les pieds dans la rosée et les cheveux au vent,
Debout sur le sommet du Janicule antique,
La campagne derrière, et le Tibre devant.
Aux jardins de César, non loin du Tibre jaune,
Parfois un chêne antique aux beaux feuillages verts
Se dresse ; chaque branche, escaladant les airs,
De degrés en degrés autour de lui frissonne,
Et sur son front superbe, ainsi qu’une couronne,
Tremblent les astres d’or et glissent les éclairs.
De tous ceux qui jamais ont promené dans Rome,
Du quartier de Suburre au mont Capitolin,
Le cothurne à la grecque et la toge de lin,
Le plus beau fut Paulus ; c’est ainsi que se nomme
Le héros de ces vers, et je vous dirai comme
Il fut d’un sénateur le produit clandestin.
Ce que les parents disent de bon ou mauvais, les enfants vont le répéter. Un Proverbe Algérien
Est bien fou celui qui veut rester sage tout seul. Un Proverbe marocain
Tout ce qui fut la terre a disparu dans l’onde ;
Les grands flots ont roulé sur le sommet des monts,
Et le vieux lit des mers, où germe un autre monde,
Sous le soleil nouveau sèche ses noirs limons.
O mondes disparus ! ô siècles ! ô ruines !…
Comme le voyageur au versant des collines
S’arrête, et voit sous lui s’allonger à la fois
Les vallons frémissants, les fleuves et les bois…
Science universelle ! immuable pensée,
A vos plus fiers sommets mon âme s’est bercée !
Et, cherchant du passé les chemins inconnus,
La nuit, comme une mer, s’étale dans les cieux,
Seul, le faîte indécis des bois silencieux
Se découpe, plus noir, sur l’immensité sombre,
Et la forme et le bruit vont s’effaçant dans l’ombre…
Parfois, épanouie à l’horizon lointain,
Une étoile s’entrouvre et se ferme soudain,
Comme les airs sont doux ! comme le ciel rayonne !
Tout tressaille à la fois ! tout fleurit ! tout bourgeonne !
Et des halliers épais s’échappe, par moments,
Un long flot de parfums et de bourdonnements !
Dans les rameaux touffus sonnent des voix nouvelles ;
Sur les immenses nids battent les grandes ailes ;
Le monde, enveloppé d’un sourire joyeux,
Reluit au soleil clair, et la vie en tous lieux
Etale, adoucissant la rudesse des formes,
Sa pompe gigantesque et ses grâces énormes.