Le soir a tendu ses voiles.
Éveillons, à petit bruit,
La plus blanche des étoiles
Qui manque au front de la nuit.
Oh ! serait-ce vrai, ma belle,
Ce qu’un prêtre m’a conté,
Qu’une torture éternelle
Suit la douce volupté,
Que la blanche main des femmes
Sans cesse attire nos âmes
Au fond des gouffres ardents,
Et qu’au ténébreux empire
On doit payer un sourire
Par des grincements de dents ?
Mai sourit au firmament,
Mai, le mois des douces choses ;
Ton aveu le plus charmant
Est venu le jour des roses.
J’ai mis ma pipe à mon chapeau,
Car la milice où je m’engage
N’a ni cocarde ni drapeau.
Sonnet
Quoi ! Sans te soucier de l’océan qui gronde,
Tu veux ta place à bord, sur mon vaisseau perdu ;
Et pour dire à Colomb qu’il a trouvé son monde,
Tu n’attends pas, enfant, qu’il en soit revenu !
Quand chassés, sans retour, des temples vénérables,
Tordus au vent de feu qui soufflait du Thabor,
Les grands olympiens étaient si misérables
Que les petits enfants tiraient leur barbe d’or ;
Sous des déguisements divers,
Plâtre ou fard, selon ton envie,
Masque tes mœurs, cache ta vie,
Sois honnête homme, en fait de vers !
Quoi ! tu raillais vraiment quand tu disais : Je t’aime.
Quoi ! tu mentais aussi ? Pauvre fille, à quoi bon ?
Tu ne me trompais pas, tu te trompais toi-même.
Pouvant avoir l’amour, tu n’as que le pardon.
Le Nil est large et plat comme un miroir d’acier
Les crocodiles gris plongent au bord des îles,
Et, dans le bleu du ciel, parfois un grand palmier,
Etale en parasol ses feuilles immobiles.
Lève-toi ! lève-toi ! le printemps vient de naître !
Là-bas, sur les vallons, flotte un réseau vermeil !
Tout frissonne au jardin, tout chante et ta fenêtre,
Comme un regard joyeux, est pleine de soleil !