I
Le soleil va chasser la nuit ;
Pâle Phoebé, reine aux longs voiles,
Il est temps de rentrer, sans bruit,
Ton troupeau de blanches étoiles !
L’Aube aux pieds d’argent descend des montagnes ;
La Nuit s’est cachée au fond des grands bois ;
Tous les nids d’oiseaux chantent à la fois.
Hardis chevriers, quittons nos compagnes !
Elle a, pour toute science,
La gaîté de ses vingt ans ;
C’est la blonde insouciance,
Aux yeux bleus, couleur du temps.
Aglaé n’est pas heureuse :
Elle a trouvé, ce matin,
Une ride qui se creuse
Dans les neiges de son teint.
Filles de Jupiter, vierges aux longues tresses,
Je dirai de Vulcain les antiques détresses,
Et quel bâtard céleste arriva le premier
Avant l’enfant amour et le filet d’acier !
Quoi ! Vous voulez que, le premier,
Au seuil blanc de ce beau cahier,
Je me pavane et me prélasse
Oh ! Votre voix sonnait brève, lente ou pressée,
Suivant les passions et les rhythmes divers,
Puis, s’échappant soudain légère et cadencée,
Sautait, comme un oiseau, sur les branches du vers !
Je l’ai gardé ce bon baiser de muse !
Comme une perle, il rayonne à mon front ;
Et désormais, qu’on me flatte ou m’accuse,
Sans l’effacer les soucis passeront.
Et l’horizon bleuâtre où la vague se perd :
« Quel est ce fleuve étrange, épandu sur le monde,
Pur comme le cristal et grand comme la mer ? Lire la suite...
Quand, sur le grand taureau, tu fendais les flots bleus,
Vierge phénicienne, Europe toujours belle,
La mer, soumise au Dieu, baisait ton pied rebelle,
Le vent n’osait qu’à peine effleurer tes cheveux !