Loin des sots préjugés que l’erreur déifie,
Couvert du bouclier de ta philosophie,
Le temps n’emporte rien de ta félicité ;
Ton matin fut brillant ; et ma jeunesse envie
L’azur calme et serein du beau soir de ta vie !
Ce qu’on appelle nos beaux jours
N’est qu’un éclair brillant dans une nuit d’orage,
Et rien, excepté nos amours,
N’y mérite un regret du sage ;
Descend avec lenteur de son char de victoire.
Le nuage éclatant qui le cache à nos yeux
Conserve en sillons d’or sa trace dans les cieux,
Et d’un reflet de pourpre inonde l’étendue.
Comme une lampe d’or, dans l’azur suspendue,
La lune se balance aux bords de l’horizon ;
Ses rayons affaiblis dorment sur le gazon,
C’est midi, le soleil jette de chauds reflets
A travers les plis lourds des tentures bien closes.
Une grande torpeur saisit hommes et choses.
Dans la salle où le roi négligemment s’endort,
Douze esclaves, liés avec des chaînes d’or,
Agitant sur son front un éventail de plume,
Le gardent anxieux, — car le maître a coutume,
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Ce sont ceux qui dans l’ombre accomplissent leur tâche ;
Qui, sans murmures vains, travaillent sans relâche,
Puis rentrent dans la nuit dont ils étaient venus.
Nul n’en connaît le nombre, intrépide phalange
Prête à chaque péril, à chaque dévoûment,
Et que l’on voit parfois briller obscurément,
Comme un joyau de prix égaré dans la fange !
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Je vois soudain briller sur la hauteur lointaine
Un feu que l’on prendrait pour une étoile d’or.
Chaque soir, sans jamais y manquer, il s’allume
A l’heure où les coteaux s’effacent dans la brume
Qui voile avec lenteur la terre qui s’endort.
Je contemple souvent ce rayon solitaire
Qui jusqu’à moi descend plein d’un vague mystère ;
Il me semble parfois qu’il m’appelle vers lui,
Et mon être ressent mille étranges envies :
Je voudrais m’élancer hors des routes suivies,
Jusqu’à cette clarté qui rayonne et qui luit.
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Au portail de la ferme une femme est assise,
Qui, d’un refrain breton vaguement fredonné,
Dans ses bras arrondis berce son premier-né ;
Sous le corsage étroit où s’amincit son buste
Pointent deux jeunes seins, gonflés d’un lait robuste ;
Son regard, à travers le ciel mourant, poursuit
Un songe ailé de mère heureuse. Dans la nuit
Qui déjà sur les champs assoupis se condense,
Monte un bruit de sabots qui sonnent en cadence ;
Au portail de la ferme une femme est assise,
Qui, d’un refrain breton vaguement fredonné,
Dans ses bras arrondis berce son premier-né ;
Sous le corsage étroit où s’amincit son buste
Pointent deux jeunes seins, gonflés d’un lait robuste ;
Son regard, à travers le ciel mourant, poursuit
Un songe ailé de mère heureuse. Dans la nuit
Qui déjà sur les champs assoupis se condense,
Monte un bruit de sabots qui sonnent en cadence ;
Quoi ! tu peux m’accuser de mes propres bienfaits !
Tu peux fermer tes yeux à la magnificence
Des dons que je t’ai faits !
Tu n’étais pas encor, créature insensée,
Déjà de ton bonheur j’enfantais le dessein ;
Déjà, comme son fruit, l’éternelle pensée
Te portait dans son sein.
Pavé de pierres sépulcrales,
Un jour sombre te vient des cieux
Par des vitraux de cathédrales !
… Vous avez peut-être passé
Dans le sentier des primevères.
Sur l’horizon, plane, dressé,
Le groupe noir des « Cinq Calvaires “.
Pavé de pierres sépulcrales,
Un jour sombre te vient des cieux
Par des vitraux de cathédrales !
… Vous avez peut-être passé
Dans le sentier des primevères.
Sur l’horizon, plane, dressé,
Le groupe noir des « Cinq Calvaires “.