Par les marches de l’étendue,
Rouges encor d’un sang vermeil,
La nuit pieuse est descendue
Pour ensevelir le soleil.
De ses mains ferventes et pures,
Elle a couché l’astre vital
Dans les somptueuses guipures
Du grand linceul occidental,
Par les marches de l’étendue,
Rouges encor d’un sang vermeil,
La nuit pieuse est descendue
Pour ensevelir le soleil.
De ses mains ferventes et pures,
Elle a couché l’astre vital
Dans les somptueuses guipures
Du grand linceul occidental,
J’ai désappris l’essor de mes jeunes sillages
Et laissé, sur mes flancs, se nouer en festons
Vos scalps souillés d’écume, ô goémons des plages.
Il ne m’importe plus si d’autres les refont,
Mes croisières d’antan, mes belles odyssées ;
Promise au lent trépas des carènes blessées,
J’abandonne le large à celles qui s’en vont.
J’ai désappris l’essor de mes jeunes sillages
Et laissé, sur mes flancs, se nouer en festons
Vos scalps souillés d’écume, ô goémons des plages.
Il ne m’importe plus si d’autres les refont,
Mes croisières d’antan, mes belles odyssées ;
Promise au lent trépas des carènes blessées,
J’abandonne le large à celles qui s’en vont.
De lunaires clartés blêmissent le ravin
Où l’homme perdu, seul, épars, se cherche en vain;
Le vent du nord, sonnant dans les frondaisons noires.
Sur les choses sans forme épand l’effroi divin.
Paisibles habitants aux lentes destinées,
Les grands sapins, pleins d’ombre et d’agrestes senteurs.
De leurs sommets aigus couronnent les hauteurs ;
Leurs branches, sans fléchir, vers le gouffre inclinées,
Tristes, semblent porter d’iniques pesanteurs.
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Toi qu’on ne nomme qu’à genoux!
Toi, dont le nom terrible et doux
Fait courber le front de ma mère!
On dit que ce brillant soleil
N’est qu’un jouet de ta puissance;
Que sous tes pieds il se balance
Comme une lampe de vermeil.
Qui d’Airolo conduit à la verte hauteur,
On voit sur un vieux roc qui date d’un autre âge
Quelques mots de latin dont nul ne sait l’auteur.
Les jours accumulés ont dégradé la pierre ;
Depuis longtemps déjà tout est presque effacé,
Et nul ne peut jeter un rayon de lumière
Sur ce témoin étrange et triste du passé.
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Entre le projet dadaïste de tout détruire, de tout renier, et la pensée surréaliste qui explore les récits de rêves et donne une grande importance à toutes les expériences qui défient la logique et la raison; Paul Eluard est un visage d’une littérature française au cœur de tous les changements.
C’est même à lui que les surréalistes doivent le terme « surréaliste » qui apparait pour la première fois dans l’une de ses œuvres Les mamelles de Tirésias qu’il décrit comme étant un drame surréaliste.
Dans la nuit noire, recourbée en nef d’église,
S’inscrivent, par instants, des pâleurs de vitraux
Qu’une clarté de lune intermittente irise :
Un vent religieux frissonne sur les eaux.
Au large de l’Ar-Men solitaire, agonise
L’âme, lente à sombrer, des soirs occidentaux.
Un deuil plane sur les maisons de pierre grise ;
Les orgues de la mer roulent des lamentos.
Dans la nuit noire, recourbée en nef d’église,
S’inscrivent, par instants, des pâleurs de vitraux
Qu’une clarté de lune intermittente irise :
Un vent religieux frissonne sur les eaux.
Au large de l’Ar-Men solitaire, agonise
L’âme, lente à sombrer, des soirs occidentaux.
Un deuil plane sur les maisons de pierre grise ;
Les orgues de la mer roulent des lamentos.