Dans son brillant exil mon coeur en a frémi ;
Il résonne de loin dans mon âme attendrie,
Comme les pas connus ou la voix d’un ami.
Montagnes que voilait le brouillard de l’automne,
Vallons que tapissait le givre du matin,
Saules dont l’émondeur effeuillait la couronne,
Vieilles tours que le soir dorait dans le lointain,
Qui tombent sur le gazon,
Voilà le vent qui s’élève
Et gémit dans le vallon,
Voilà l’errante hirondelle .
Qui rase du bout de l’aile :
L’eau dormante des marais,
Voilà l’enfant des chaumières
Qui glane sur les bruyères
Le bois tombé des forêts.
Un jour, seul dans le Colisée,
Ruine de l’orgueil romain,
Sur l’herbe de sang arrosée
Je m’assis, Tacite à la main.
Je lisais les crimes de Rome,
Et l’empire à l’encan vendu,
Et, pour élever un seul homme,
L’univers si bas descendu.
A, pour moi, recueilli la vie et la répète
En des formes qu’agite un frisson d’océan.
Dans cette irruption d’images se créant,
Peu à peu se dessine une énorme cohue
Qui se démène, lutte et vers l’argent se rue,
Pour garder plus longtemps, sous le ciel angoissé,
Le don prodigieux de vivre et de penser.
Puis cette multitude, aux gestes frénétiques
Si divers et pourtant par leur but identiques,
Pleine d’amour, de bruit, de départs et de jeu?
L’ai-je nourrie assez de labeurs, de tourmentes,
De quadrilles parmi les passions hurlantes
Et de courses vaguant des bas-fonds jusqu’à Dieu?
J’allais prophétisant : Je pourrai, les jours fades,
Susciter des jardins complets de souvenirs
Et m’arrêter, pensif, à chacun de mes stades.
Ému, je reverrai les espoirs et les rades,
Dans les matins flambants, s’estomper et grandir.
La Belle au bois repose, attendant le réveil ;
Son beau front est de glace et pâle est sa figure,
Ses grands cheveux lui font comme un manteau vermeil.
Un étrange sourire erre encor sur sa bouche,
Ses longs cils abaissés ombrent légèrement
Ce visage si pur et que la mort farouche
Semble avoir en son vol effleuré seulement.
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Si je pouvais être plus malin ! Si je pouvais être malin par nature, à l'égal de mon serpent ! Mais c'est l'impossible que je demande là: aussi demandé-je à ma fierté de toujours aller de pair avec mon discernement. Et si un jour mon discernement me quitte -ah! il aime à s'envoler - qu'alors ma fierté puisse encore voler de compagnie avec ma folie!Extrait de Zarathoustra, Friedrich Nietzsche
Une citation sur la fierté
Expirer sur la grève avec des sanglots vagues,
Tandis qu’un rayon pâle égaré dans les cieux
Mêle son reflet clair au bleu triste des ondes
Et brode un ourlet d’or sur les nappes profondes
Qui jettent leur chanson dans l’air silencieux.
J’aime entendre le vent qui s’irrite ou qui pleure
Et qui parle dans l’ombre aux branches qu’il effleure
D’un baiser qui les fait frémir et s’agiter ;
J’aime écouter, pensif, la voix subtile et douce
D’un insecte azuré qui dit aux brins de mousse
Ce que nul être humain ne saurait répéter.
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Elle dort, elle dort, Tryphine !
Aussi blonds que la paille fine,
Ses cheveux coulent à longs flots
Sur la nacre de sa poitrine.
Et la cuisine vaste est pleine de sanglots !…
—
On a pour la veillée invité les fileuses ;
Par les sentiers prochains on les entend venir.
La vieille Anna Congard est parmi les « veilleuses ».
Elle dort, elle dort, Tryphine !
Aussi blonds que la paille fine,
Ses cheveux coulent à longs flots
Sur la nacre de sa poitrine.
Et la cuisine vaste est pleine de sanglots !…
—
On a pour la veillée invité les fileuses ;
Par les sentiers prochains on les entend venir.
La vieille Anna Congard est parmi les « veilleuses ».