Or, le sage, parti dès son adolescence
Pour juger les flambeaux qui le devaient guider,
Savait à quel néant marche la connaissance
Et confondait la vérité d’une croyance
Avec l’or, qui vaudra ce qu’on a décidé.
Les dieux que la pensée humaine, en son ornière,
Conçut et projeta dans le calme irréel,
Les dieux dont elle attend un rayon de lumière
Quand la souffrance abat l’orgueil sous sa lanière,
Le sage mesurait, en passant, leur autel.
Qui partout ici-bas le contemple et le lit !
Heureux le coeur épris de cette grande image,
Toujours vide et trompé si Dieu ne le remplit !
Ah ! pour celui-là seul la nature est son ombre !
En vain le temps se voile et reculent les cieux !
Le ciel n’a point d’abîme et le temps point de nombre
Qui le cache à ces yeux !
Quelle foule pieuse en pleurant m’environne ?
Pour qui ce chant funèbre et ce pâle flambeau ?
Ô mort, est-ce ta voix qui frappe mon oreille
Pour la dernière fois ? eh quoi ! je me réveille
Sur le bord du tombeau !
Ô toi ! d’un feu divin précieuse étincelle,
De ce corps périssable habitante immortelle,
Dissipe ces terreurs : la mort vient t’affranchir !
Prends ton vol, ô mon âme ! et dépouille tes chaînes.
Tu m’évoques ma mère, ô coiffe du Trégor,
Et, dans ta conque frêle avec art ciselée,
C’est toute la chanson de mon passé qui dort.
Comme tu palpitais, pudique, à la veillée,
Sur quelque nuque mince aux chastes frisons d’or !
De ton charme, longtemps, j’eus l’âme ensorcelée
Et, d’y songer ce soir, mon coeur tressaille encor.
Tu m’évoques ma mère, ô coiffe du Trégor,
Et, dans ta conque frêle avec art ciselée,
C’est toute la chanson de mon passé qui dort.
Comme tu palpitais, pudique, à la veillée,
Sur quelque nuque mince aux chastes frisons d’or !
De ton charme, longtemps, j’eus l’âme ensorcelée
Et, d’y songer ce soir, mon coeur tressaille encor.
Se voyant, ont croisé le regard qui proclame
Une mystérieuse affinité de l’âme.
La conversation habile a dessiné
Un passé de droiture où des malheurs sont nés;
A se chérir ils se sont vus prédestinés.
Émoi de se sentir, par cet amour, renaître.
Indicibles baisers irradiant tout l’être.
Sourires dans les yeux qu’une langueur pénètre.
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Près des piliers de marbre et des riches portiques
Que les reines foulaient de leur pas languissant,
Les vieux sphinx de granit, aux ailes formidables,
Se dressaient, regardant au delà des grands sables
Où le rouge soleil met des reflets de sang.
Ils dominent encor les ruines énormes
Qui recouvrent le sol de leurs débris informes ;
Et le temps, ce vainqueur aux sombres missions,
N’a pas su renverser ces terribles figures
Qui paraissent, la nuit, dans les lueurs obscures,
Les sinistres témoins des générations.
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Plus vous retranchez ses rameaux,
Plus le tronc sacré voit éclore
Ses rejetons toujours nouveaux !
Est-ce un dieu qui trompe le crime ?
Toujours d’une auguste victime
Le sang est fertile en vengeur !
Toujours échappé d’Athalie
Quelque enfant que le fer oublie
Grandit à l’ombre du Seigneur !
La salle où résonnait sa voix mâle et sévère,
Quand les pasteurs assis sur leurs socs renversés
Lui comptaient les sillons par chaque heure tracés,
Ou qu’encor palpitant des scènes de sa gloire,
De l’échafaud des rois il nous disait l’histoire,
Et, plein du grand combat qu’il avait combattu,
En racontant sa vie enseignait la vertu !
Voilà la place vide où ma mère à toute heure
O mon âme ? réponds-moi !
D’où vient ce poids de tristesse
Qui pèse aujourd’hui sur toi ?
Au tombeau qui nous dévore,
Pleurant, tu n’as pas encore
Conduit tes derniers amis !
L’astre serein de ta vie
S’élève encore; et l’envie
Cherche pourquoi tu gémis !