S’efface à pas discrets la nuit
Voici poindre la clarté neuve
De l’aube qui s’épanouit.
Elle promène sur les choses
Son beau regard silencieux
Et la mer se jonche de roses
Sous la caresse de ses yeux.
S’efface à pas discrets la nuit
Voici poindre la clarté neuve
De l’aube qui s’épanouit.
Elle promène sur les choses
Son beau regard silencieux
Et la mer se jonche de roses
Sous la caresse de ses yeux.
Des ombres que le vent chasse, informes, là-bas!
N’avoir de chair et d’os que pour souffrir sans cesse
Plutôt que, purs esprits dégagés de faiblesse,
Vaguer insouciants dans le vide éternel!
Vivre toujours au lieu de t’espérer, ô ciel!
Même sans toi, que nous seraient des millénaires
À jouir de l’afflux du sang dans nos artères!
Comme nous aimerions à ne jamais risquer
Que notre droit d’agir soit soudain révoqué,
Que nul geste, perçu distinctement, n’entrave
Le cours harmonieux du songe intérieur.
Viens là tout près de moi, blottis-toi sur mon coeur.
Le vent charge au galop la neige sur la route
Et la jette, claquante, aux fenêtres; écoute
Geindre sous sa fureur les joints de la maison.
Songe distraitement, comme les riches font,
Que la froidure, ailleurs, s’ajoute à la famine,
Et jouis encor plus de cette heure divine.
Son front de jour en jour plus proche de l’argile,
Il est des temps où l’homme, endurci, ne sent rien
Que le choc des désirs brutaux contre les siens.
Il marche et devant lui les spectacles du monde
Passent sans l’enrichir d’une image féconde.
Tout à coup l’amour vient, lumineux, triomphal,
Et l’homme qu’attirait un paradis banal,
Douce mer dont les flots chéris,
Ainsi qu’une amante fidèle,
Jettent une plainte éternelle
Sur ces poétiques débris.
Que j’aime à flotter sur ton onde.
A l’heure où du haut du rocher
L’oranger, la vigne féconde,
Versent sur ta vague profonde
Une ombre propice au nocher !
O toi qui naquis la première,
O nourrice des fleurs et des fruits, ô lumière,
Blanche mère des visions,
Tu nous viens du soleil à travers les doux voiles
Des vapeurs flottantes dans l’air :
La vie alors s’animfe et, sous ton frisson clair,
Sourit, ô fille des étoiles!
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« Tuer, seul me déride;
J’irai dans tes abris dépister le chevreuil
Et le lièvre timide. »
Lors la forêt m’offrit, pour mon repos du soir,
Un lit d’herbe et de mousse
Où la lune envoyait, entre les rameaux noirs,
Une lumière douce.
Je sommeillais lorsque des grenouilles sautant,
Nombreuses et pressées,
Les mots qu’on veut badins, spirituels, charmeurs;
Mots voilés et pensifs, échappés ou qu’on tente!
– Prélude où le désir se cache dans les fleurs.
Ô les regards soudainement pleins de lumière,
Où se révèle un coeur ouvert et confiant,
Regards que l’on dirait de limpides prières!
Respectueux regards – manège inconscient.