Assis sur ces rochers déserts,
Je suis dans le vague des airs
Le char de la nuit qui s’avance.
Vénus se lève à l’horizon ;
A mes pieds l’étoile amoureuse.
De sa lueur mystérieuse
Blanchit les tapis de gazon.
Elles sont de ses pas le divin marchepied,
C’est là qu’environné de ses foudres sublimes
Il vole, il descend, il s’assied.
Sina, l’Olympe même, en conservent la trace ;
L’Oreb, en tressaillant, s’inclina sous ses pas ;
Thor entendit sa voix, Gelboé vit sa face;
Golgotha pleura son trépas.
L’azur plein d’astres d’or dont la foule te suit ;
Qui jettes sur nos fronts ta clarté radieuse,
Comme un rêve d’argent qui traverse la nuit ;
Tes rayons égarés dans le cristal de l’onde
Semblent des diamants entraînés par le flot,
Qui les berce aux accents d’une chanson profonde,
Belle comme le ciel, triste comme un sanglot.
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Engins accoutumés, nécessaires outils,
Ojets de formes innombrables,
Que de pensée et de sueurs vous recélez;
Que d’hommes ont connu des moments affolés
A vous rendre plus désirables!
Je vois ceux qui, ravis d’un concept et crispés,
Adjurent des contours nettement découpés
De luire en l’idée imprécise,
Et sentant l’embryon amorphe en leur cerveau
Précédant de la nuit le char silencieux,
S’élève lentement dans la voûte des cieux,
Et que l’ombre et le jour se disputent la terre,
Qu’il est doux de porter ses pas religieux
Dans le fond du vallon, vers ce temple rustique
Dont la mousse a couvert le modeste portique,
Mais où le ciel encor parle à des coeurs pieux !
Apparaissent les îles
Où parfois en rêveur, en chasseur, en amant
À la sourdine on file.
N’importe où l’on aborde, avidement on fait
Le tour de son royaume,
Et la tente, sitôt dressée, est un palais
Que l’atmosphère embaume.
On se trouve lié d’instinct aux voyageurs
De tout bateau qui passe.
A mon maître j’ai dit : « L’homme à piteuse mine
Qui laboure pour toi le flanc de la colline,
Ne gagne pas l’argent promis à son labeur. »
L’homme, affaibli par le travail et la misère,
Fut chassé. Ses enfants retrouvèrent la faim,
Son épouse marcha pieds nus dans le chemin,
Et le maître paya mon zèle d’un salaire.
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Définitive et sourde, une nuit d’hypogée;
J’oserais approcher, soudainement hardi,
De la femme pour qui je suis un grain de sable,
Et d’un mot lui crier mon rêve inguérissable.
Elle ne rirait pas, devinant un maudit.
Pour m’imposer à sa pitié de curieuse,
Je ferais de mon corps une chose hideuse
Et m’en irais pourrir sur un lit d’hôpital.
Mais de plaisir son coeur est seulement avide,
Mes victoires sont des désastres.
Je suis cloué sous le zénith
Et je voulais saisir, à l’horizon, des astres.
« Tout m’échappe. Comment savoir
Si le but du soleil est d’éclairer des mondes
Ou de se préparer, dans la flamme, aux devoirs
D’une maturité féconde?