Au fur et à mesure qu’on visite Paris, on se rend compte qu’elle n’est pas, au final, une forêt d’immeubles et de béton. Ici et là, on découvre avec plaisir quelques carrés de verdure, parfois assez modeste et parfois assez vaste comme la Place des Vosges. Verdoyante et très bien taillée, c’est l’endroit idéal pour se reposer à même la pelouse ou pour se dégourdir les jambes loin de la foule et des bruits de la ville. Zoom sur ce lieu incontournable.
La Place des Vosges : un monument historique classé
A Paris, on découvre de nombreuses places comme la Place de La Concorde, la Place Vendôme, la Place Dauphine, … et la Place des Vosges. Toutes ont vu le jour à une époque où Paris n’avait pas encore achevé ses plans d’urbanisme et durant laquelle les terrains étaient encore vastes et inoccupés.
Pour en revenir à la Place des Vosges, elle est connue comme étant la plus ancienne place de Paris. Pour protéger le patrimoine qu’elle abrite, elle a été classée Monument historique en octobre 1954. C’est ce qui lui permet d’afficher, aujourd’hui encore, son aspect d’origine notamment sa pelouse, arborée ici et là et entourée de bâtiments qui se ressemblent tous dans leurs moindres détails.
Comment cette place a-t-elle vu le jour ?
Son aménagement commence en 1605 et n’est achevé que sept ans plus tard, en 1612. La Place est inaugurée à l’occasion des fiançailles de Louis XIII et d’Anne d’Autriche. Sur le site qu’elle occupe se tenait jadis l’hôtel des Tournelles. Lors de son inauguration, elle a été baptisée « Place Royale ». Les dénominations « Place Royalle » et « Place Roaialle » apparaissaient dans un manuscrit datant de 1636 ce qui suppose que le lieu a gardé cette appellation pendant très longtemps, deux siècles pour être précis.
A partir de 1670, la place autrefois ouvert au grand public devient un jardin clos. Elle connut alors quelques améliorations :
- La pelouse est plantée sur des surfaces bien délimitées par des chemins ensablés. Lorsqu’on regarde la place dans son ensemble, sa forme carrée affiche un gazon bien vert lequel est toutefois découpé par des allées en médiane et en diagonale.
- Une grille en fer forgé est implantée tout autour de la Place en 1687. Celle-ci est ouverte sur quatre points d’accès pour permettre aux promeneurs d’y pénétrer. Elle a été remplacée par une neuve en 1840.
Après ces améliorations, l’accès au jardin fut interdit aux gens mal vêtus. Le seul jour de l’année où ces derniers pouvaient y entrer étaient le 25 août, à l’occasion de la fête de Saint-Louis. A cette époque déjà, la Place était considérée comme le repère de la haute bourgeoisie. D’ailleurs, tous ceux qui vivaient dans les pavillons entourant cet écrin de verdure appartenaient à la haute société parisienne ou à la royauté.
Pour veiller à ce que des intrus n’y pénètrent pas sans autorisation, un emploi de gardien de square est créé en 1738 par la Ville. Ce dernier devait aussi veiller à ce que le règlement au sein du parc soit respecté.
Quelques interdictions ont effectivement été instaurées comme l’interdiction de piétiner la pelouse et d’organiser des jeux dans les allées comme les boules, les quilles, la paume ou encore le volant.
A la fin du 18e siècle, les habitants ont demandé à ce que des arbres y soient plantés afin d’avoir des zones ombragées.
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Quand est-elle devenue la « Place des Vosges » ?
Pendant près de deux siècles, le lieu a été appelé « Place Royale ». Quand vint la Révolution française, elle fut rebaptisée comme les autres places de la ville. On la connut alors sous divers noms comme la « Place des Fédérés », la « Place du Parc d’Artillerie », la « Place de la Fabrication des Armes » ou encore la « Place de l’indivisibilité ».
C’est en 1800 que l’appellation « Place des Vosges » apparaît pour la première fois. Qu’est-ce que Les Vosges, département du Grand Est de la France a de commun avec cette place ? Strictement rien. Alors pourquoi lui a-t-on donné cette appellation ?
Après le coup d’Etat de 1799, l’Etat a demandé aux différents départements du pays de payer tous leurs arriérés et leurs impôts afin de renflouer les caisses de l’Etat. Le département des Vosges fut le premier à s’en être acquitté en totalité et pour féliciter son geste, on rebaptisa la place Royale de Place des Vosges.
Après ce nouveau baptême, elle changea encore de nom. En 1814, elle reprend sa première appellation à savoir Place Royale pour la perdre à nouveau en 1848. Le nom Place des Vosges fut alors repris, mais seulement de courte durée puisqu’entre 1852 et 1870, c’est sous le nom de Place Royale qu’on la connaissait. Ce n’est qu’à partir de 1870 qu’elle prit le nom définitif de Place des Vosges.
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A quoi ressemble la place des Vosges ?
La place affiche une forme carrée de 140 m de côté. La majeure partie de sa surface est recouverte de pelouse découpée par des allées. Ici et là, on trouve de grands arbres qui donnent un peu d’ombre à certaines zones de ce lieu de promenade très apprécié des Parisiens.
Au centre de la place, on trouve le square Louis-XIII. Ce dernier est bordé d’arbres et en son centre, on découvre quatre fontaines alimentées par l’Ourcq. Ces points d’eau ont été conçus par Jean-Pierre Cortot. C’est également ce dernier qui a apporté les dernières finitions au Monument à Louis XIII. A l’origine, c’est Charles Dupaty qui l’a commencé, mais n’a pas pu le terminer jusqu’à la fin. Le Monument a été inauguré en 1825.
Comme sur les autres places alentours, la Place des Vosges abritait autrefois une statue équestre du roi qui a été instaurée en 1639. Celle-ci a été détruite durant la Révolution.
Outre le cœur de la place, cette dernière se reconnaît aussi facilement aux 36 pavillons qui la bordent. Ces immeubles d’habitations ont été construits dès l’aménagement du jardin. Selon les plans dessinés par Jacques Androuet du Cerceau et Claude Chastillon, à qui le roi Henri IV a confié les travaux, tous les bâtiments doivent respecter un style précis et commun. Leur ressemblance est aujourd’hui encore frappante et malgré leur âge, les immeubles ont su garder leur apparence première.
A quoi ressemblent les pavillons de la Places des Vosges ?
En tout, on compte 36 pavillons érigés autour de la place. Parmi eux, deux se démarquent du lot : le pavillon du Roi et le pavillon de la Reine. Le premier se situe au centre du côté sud qui donne sur la Birague tandis qu’en face de lui, au centre du côté nord se dresse le second. Celui-ci donne sur la rue Béarn. Les deux bâtiments ressemblent aux 34 autres, mais ils sont toutefois plus élevés.
Et d’un point de vue architectural, les pavillons affichent :
- Une façade à briques rouges à chaînages de pierre calcaire blanche
- Un toit en ardoise bleue très en pente
- Des fenêtres à petits carreaux
- Un rez-de-chaussée à arcades
- Une largeur de quatre travées
- Une structure à deux étages carrés et à deux étages de comble
A part les pavillons du roi et de la reine, ils ont tous la même hauteur, la même architecture et le même style.
Il faut souligner que même si des pavillons ont été réservés au roi et à la reine, ils n’ont jamais séjourné là. Les immeubles ont été habités par des familles bourgeoises, appartenant ou non, à la royauté.
Que sont devenus ces bâtiments aujourd’hui ?
L’actuelle Place des Vosges est toujours un lieu de repos et de rendez-vous très apprécié des Parisiens. De nos jours, il est possible de se prélasser sur la pelouse.
Quant aux bâtiments, ils sont toujours là et sont tous classés au titre de Monuments historiques. Alors que certains appartiennent à des propriétaires privés, d’autres abritent des établissements recevant du public.
Comme les immeubles entourant la place Vendôme, ceux de la Place des Vosges portent aussi des numéros. Ils sont rassemblés, sur un côté pour les nombres pairs et sur l’autre, pour les nombres impairs.
Voici quelques-uns d’entre eux :
- N°1 : c’est le pavillon du roi. Il a été l’un des premiers bâtiments à avoir été achevé et a été dédié au roi Henri IV. Ce dernier ne l’a jamais habité, mais on peut, aujourd’hui encore, voir une sculpture qui le représente en bas-relief sur sa façade. Le bâtiment a été vendu en tant que bien national en 1799 et a été déclaré monument historique en 1956. Notez que le rez-de-chaussée du pavillon a été ouvert pour servir de passage allant de la Place des Vosges à la rue de Birague.
- N°7 alias Hôtel de Sully : il a été classé monument historique en 1953 et abrite aujourd’hui le Centre des monuments nationaux. On le considère comme l’une des demeures les plus accomplies du Marais.
- N°9 alias Hôtel de Chaulnes : classé Monument historique en 1954, l’immeuble abrite aujourd’hui un restaurant trois étoiles au Guide Michelin à savoir le restaurant L’Ambroise. Ce dernier est considéré comme l’une des meilleures tables de toute la France. le 1er étage, quant à lui, accueille l’Académie d’architecture.
- N°11 alias Hôtel Pierrard : c’est actuellement un hôtel particulier qui a été classé monument historique en 1954. Il se démarque des autres pavillons par son fameux graffiti « 1764-NICOLAS ». Ce dernier a été apposé sur l’un des piliers en pierre de la galerie et y est toujours visible. On l’attribue à Restif de la Bretonne. Il est considéré comme le plus vieux graffiti de Paris.
- N°28 ou Pavillon de la Reine : classé depuis 1984, le rez-de-chaussée du pavillon est ouvert pour donner sur la rue Béarn.
Notez que la place des Vosges se situe dans les 3e et 4e arrondissements de Paris. Elle se trouve dans le quartier des Marais, quartier emblématique de la Ville. Vous ne pouvez donc pas la manquer puisque de toute façon, votre visite de la capitale vous mènera dans ce quartier.