Quand on visite la belle ville de Paris, on tombe inévitablement sur le Palais de l’Elysée. Belle bâtisse datant du 18e siècle, elle sert aujourd’hui de résidence aux Présidents Français qui se sont succédé. En tant que tel, sa visite est interdite sauf durant les journées du patrimoine. Si vous n’avez pas la chance d’y aller à cette période, nous vous offrons une visite virtuelle des lieux. Suivez le guide …
Histoire du Palais
C’est au Compte d’Evreux que la France doit aujourd’hui l’existence de ce palais. En 1715, quand Philippe d’Orléans, alors régent du royaume après la mort de Louis XIV déménage à Paris en délaissant Versailles, sa Cour le suivit également. La capitale vit alors fleurir divers palais et hôtels particuliers que se sont fait construire les bourgeois accompagnants le régent.
Désireux d’avoir lui aussi son pied-à-terre parisien, Louis-Henri de La Tour d’Auvergne, compte d’Evreux et gendre d’Antoine Crozat qui était première fortune de France, demande au régent la capitainerie des chasses de Monceaux. Ce dernier lui refuse toutefois la requête jugeant qu’il ne méritait pas une telle faveur étant donné qu’il ne possédait pas un hôtel à son nom.
Blessé dans son orgueil par ce jugement, le compte décide de vendre son comté de Tancarville, en Normandie au banquier John Law. Il a fait une belle affaire puisqu’il en a obtenu le double du prix auquel il l’a acheté dix ans plus tôt. Avec environ un dixième de son pécule, il décide d’acheter le marais des Gourdes qui s’étendait sur une dizaine d’hectares. Le terrain se situe alors entre les actuels Champs-Elysées et rue du Faubourg-Saint-Honoré.
A cette époque, les Champs-Elysées ou le Grand Cours était un simple lieu de promenade tandis que la rue Faubourg-Saint-Honoré était une simple chaussée bordée de maisons modestes. Cela explique le prix dérisoire du terrain.
Une fois le terrain acquis, le compte d’Evreux y fait construire son hôtel particulier. Pour pouvoir le financer, il épouse la fille d’Antoine Crozat pour toucher une dot considérable. Malgré la grande différence d’âge entre eux, son épouse ayant 12 ans et lui 32, cela ne l’empêche pas d’accepter le mariage puisque la dot seule peut lui donner les moyens de réaliser son hôtel.
Les travaux commencèrent d’ailleurs dès 1718 et lorsqu’enfin, il peut célébrer son inauguration en décembre 1720, il congédie sa jeune épouse. Celle-ci souhaitant rompre tout lien avec son mari volage demande la séparation. Le Comte d’Evreux dut alors rendre la dot à son beau-père, ce qu’il fit grâce à la fortune qu’il s’est fait avec ses spéculations sur le système de Law.
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Une imposante demeure autour de modestes masures
Vu l’emplacement du terrain acquis, l’hôtel particulier du Comte d’Evreux était le seul en son genre dans cette région peu fréquentée par la bourgeoisie. Entre les modestes masures des habitants alentours, il était un vrai château avec ses deux étages et son vaste sous-sol.
D’une vue globale, le bâtiment se compose d’un vaste vestibule, d’un corps central à trois niveaux (rez-de-chaussée, étage noble et étage sous comble) et de deux ailes en équerre qui partent de part et d’autre du bâtiment central. Contrairement au corps central, les deux ailes se composaient seulement d’un niveau en rez-de-chaussée. Ces dernières occupaient les appartements du Comte. L’aile gauche abritait le « Petit Appartement » tandis que l’aile droite abritait l’Appartement des Bains.
L’architecte Armand-Claude Mollet a été chargé de la construction de la bâtisse qui lui a donné un style classique. Les plans adoptés permirent ensuite aux propriétaires successifs d’y apporter des changements. A partir de 1720, l’architecte Jules Michel Alexandre Hardouin succède à Mollet pour se charger de la décoration intérieure. Celui-ci adopte le style Régence définit par une grosse quantité de rosaces, de boiseries, de fleurons, de rinceaux … Pour les réaliser, l’architecte fait appel au sculpteur Michel Lange.
Après sa construction, l’architecte Jacques-François Blondel attribue le titre de « plus belle maison de plaisance des environs de Paris » à la bâtisse. Le régent décide alors d’apporter en personne au Comte d’Evreux le brevet qui lui revient en tant que propriétaire d’un bel hôtel particulier. Pour le féliciter d’avoir relevé le défi, il rajoute 530 m² de terrain à la propriété. Cela lui permit d’agrandir son jardin à la française.
Quand le Comte d’Evreux meurt en 1753, il peut être fier d’avoir laissé à la France un bâtiment admiré de tous.
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Changements successifs de propriétaires
Après le décès du Comte d’Evreux, le palais change de main à plusieurs reprises.
- En 1753, il est acheté par le roi Louis XV pour y installer sa favorite, la marquise de Pompadour. Cette dernière y entame de nombreuses transformations dont les murs qui se couvrent de boiseries et d’or. Elle fait aussi façonner la façade de la cour d’honneur à celle de son château de Champs-sur-Marne.
- En 1764, après la mort de la marquise, la Couronne récupère le bâtiment même si la marquise a désigné, sur son testament, son frère le marquis de Marigny comme légataire universel. Durant un an, les lieux servent à la vente des biens que la marquise a amassés de son vivant. Le potager est supprimé et le parc est réduit ce qui a permis de rendre la promenade des Champs-Elysées à la ville. Il a aussi servi à accueillir les ambassadeurs extraordinaires.
- En 1765, le château sert de lieu d’exposition sur l’ordre de Louis XV. Le peuple pouvait alors se promener dans ses jardins.
- En 1773, le banquier Nicolas Beaujon achète l’hôtel, alors laissé à l’abandon. Il fait appel à Etienne-Louis Boullée, architecte du roi, pour re-décorer l’ensemble du bâtiment. L’aile ouest fut également agrandie vers les Champs-Elysées et le bâtiment fut renommé « hôtel Beaujon ».
- En 1786, le banquier, qui arrive à la fin de sa vie, vend le bien au roi Louis XVI en viager.
- En 1787, le roi qui projetait de s’installer dans l’hôtel renonce à son projet et revend la propriété à sa cousine, la duchesse de Bourbon, Louise-Marie-Bathilde d’Orléans, fille du duc d’Orléans. C’est à partir de cette époque que l’hôtel fut rebaptisé « hôtel de l’Elysée », les ifs de son jardin se mêlant alors au carré du jardin de l’Elysée.
- Durant la Révolution, l’hôtel fut réquisitionné, mais fut rendu à la duchesse de Bourbon en 1797. Elle n’a toutefois plus les moyens de l’entretenir et dut louer le rez-de-chaussée au couple Hovyn. A partir de là, ces derniers y organisèrent des bals, des concerts, des jeux et divers évènements. Petit à petit, le palais devint un haut-lieu de fêtes et évènements en tout genre. La partie du bâtiment qui donne sur la rue Faubourg-Saint-Honoré est transformé en magasins tandis que l’ancien hameau de Bathilde d’Orléans se voit transformer en restaurant.
- En 1799, le Consulat met un terme à tout cela. Le maréchal d’Empire Joachim Murat achète la propriété en 1805 à la fille du couple Hovyn et s’y installe avec son épouse. Il redonne ses lettres de noblesse à la propriété en y engageant d’importants travaux l’élevant alors au rang de Palais. Quand le maréchal devint roi de Naples en 1808, il dut quitter les lieux et abandonner le palais à l’Etat.
- Napoléon Ier occupa les lieux avec l’impératrice lorsque Murat quitta les lieux. Après leur divorce, Napoléon donne le palais à l’impératrice, mais le retour du couple Murat empêche la réalisation de ce projet. Il dut offrir un autre château à son ancienne épouse et dut attendre 1812 pour récupérer le palais. Avec sa nouvelle épouse, il occupe le palais.
- En 1814, le tsar Alexandre Ier de Russie remporte le palais après avoir vaincu l’Empereur. Il décide néanmoins de ne pas y vivre et laisse au duc de Wellington la liberté d’y habiter.
- En 1815, Louis XVIII offre le palais de l’Elysée à son neveu, le duc de Berry, fils du roi Charles X. Il s’y installe avec son épouse, mais quand le duc meurt, sa jeune épouse alors enceinte de leur second enfant, le futur duc de Chambord abandonne les lieux pour s’installer aux Tuileries.
- Entre 1820 et 1848, le palais reste inhabité à part quelques passagers de Louis XVIII et de Charles X. Le palais est aussi utilisé pour accueillir les monarques et autres princes en visite à Paris.
A partir de 1848, le palais de l’Elysée est assigné par l’Assemblée nationale comme résidence du Président de la République. Louis-Napoléon Bonaparte a été le premier président de la République de la France. Il a été élu par suffrage et au lieu de se voir assigner aux Tuileries, il a été assigné au Palais de l’Elysée.
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Le Palais de l’Elysée ouvert au public
C’est Valéry Giscard d’Estaing qui décide d’ouvrir les portes du palais au public pour la première fois. C’était en 1977. Cette initiative fut toutefois abandonnée très vite, l’ouverture attirant alors trop de monde rendant la sécurité des biens difficile.
A partir de 1990, il a été décrété que le Palais serait accessible au public seulement durant les jours du Patrimoine. Durant les visites, il est possible d’admirer plusieurs joyaux du palais dont les principaux sont :
Le vestibule d’honneur :
Tous les Français ont sûrement déjà vu ce lieu reconnaissable facilement avec la sculpture en marbre blanc réalisé par Arman. Elle a été commandée par François Mitterand en 1984 pour rendre hommage à la Révolution de 1789.
L’escalier Murat :
Cet imposant escalier mène au premier étage du bâtiment principal, vers le bureau du Président. C’est le prince Joachim Murat qui l’a fait construite en 1806. L’escalier se démarque par ses barreaux en forme de palmes, tous de couleur dorée comme le reste de la rampe façonnée en plomb.
L’antichambre :
C’est tout simplement la salle d’attente du palais. C’est là que les visiteurs patientent en attendant d’être reçus par le Président ou par le secrétaire général. De nombreuses tapisseries décorent les lieux.
Le Palais des Huissiers :
Avant d’être reçu dans le bureau du Président, vous passerez forcément par cette pièce. Elle aboutit jusqu’à l’antichambre où vous aurez à attendre le Président. En passant par cette pièce, admirez le tapis de 4,80 m qui est le clou de son décor.
Les salons :
Le Palais de l’Elysée compte de nombreux salons tous magnifiquement décorés. Chaque salon a ses traits propres comme le salon des tapisseries avec sa collection de tapisseries ou encore le salon Napoléon III avec les objets qui racontent près de 300 ans d’histoire de la France. Outre ces deux salons, vous y découvrirez aussi les salons Cléopâtre, Pompadour, des Aides de camp, des Ambassadeurs, des Portraits, le salon d’argent, le salon doré, le salon vert …
La salle des fêtes :
C’est la pièce la plus vaste du Palais. C’est là que se tiennent toutes les grandes cérémonies qui y sont données comme les investitures des Présidents, les dîners d’Etat, les « Noël de l’Elysée » … Sa décoration a été améliorée avec le temps, mais la dernière grande rénovation en date date de 2018.
Le jardin d’hiver :
En prolongement de la salle des fêtes, cette pièce était autrefois une serre qui permettait d’aller à l’hôtel d’Evreux vers les jardins. Aujourd’hui, elle accueille de nombreuses réceptions officielles, des conférences de presse, …
Le Parc :
S’étendant sur une surface de plus de deux hectares, le parc du Palais a été aménagé en s’inspirant des jardins à l’anglaise. Une fois passé la fameuse grille du coq, on découvre une vaste pelouse incurvée bordée de grands arbres et de massifs fleuris. Un bassin et un jet d’eau complètent ce charmant tableau.
Aujourd’hui, on y trouve plus d’une centaine d’espèces d’arbres, plus d’une centaine de variétés de rosiers et environ 30 variétés de rhododendrons.
Alors que les jardins accueillent souvent les citoyens pour les évènements nationaux, la terrasse, elle, accueille parfois les déjeuners ou dîners d’affaires avec le Président.