me revient ton prénom.
Doux songe m’attachant au passé.
Passé d’emprunt éparpillé,
légué à d’autres mains,
mille mains par deux couplées.
Sac de nœuds coulant
vers d’autres sources…
La mer en toi recommencée,
la mer ainsi laissée.
Banc de sable blanc
où soufflent les baisers marins.
Sel des peaux gercées,
des maux de vagues.Rides en rayons autour des yeux :
pattes d’oies des anneaux écartés.
Ces signes du lointain été qu’on guette
lors du rapprochement des visages.
De ce temps qui ravalera nos identités
au rang d’une masse informe de traits.
Feuilles semblables de l’automne
rassemblées en un point d’incandescence.
Mais la ressemblance restée intacte
à la nymphe appliquée et secrète
d’une saison jaune oubliée.
Permanence des eaux, des îles
que tes yeux relient
malgré le risque d’intempéries,
de danger de tes formes
exactes, inlassables, étroites
comme un ciel d’avant l’orage.
Et ce vent qui souffle égal
entre tes cloisons nasales
n’a pas vocation de subordonner tes cils
à la tyrannie d’une tornade.
Ni tornade ni main levée
pour frapper à la porte des marées
mais un regard coulé
entre les îles que tes yeux relient.
Voué à l’anonymat de l’eau
encerclant tes îles,
envieux jusqu’à l’extase
de tes saines sueurs,
je respire un air conscrit
privé de la joie de t’embellir.
Tout ciel repris est un blasphème
quand le corps est une flèche
lancée à travers le temps
vers un autre corps empêché.
Les mots assurent la destinée
du vouloir terrible.
Croire au Lac de Tibériade,
aux pêches miraculeuses
guérissant des vieilles attentes,
demeure la consolation première.
L’eau longue comme unique rempart !
Eric Allard