Andromaque ACTE quatrième Scène II
Andromaque par Jean Racine
Hermione, Cléone.
Cléone
Non, je ne puis assez admirer ce silence.
Vous vous taisez, Madame, et ce cruel mépris
N’a pas du moindre trouble agité vos esprits !
Vous soutenez en paix une si rude attaque,
Vous qu’on voyait frémir au seul nom d’Andromaque !
Vous qui sans désespoir ne pouviez endurer
Que Pyrrhus d’un regard la voulût honorer !
Il l’épouse, il lui donne, avec son diadème,
La foi que vous venez de recevoir vous-même,
Et votre bouche encor, muette à tant d’ennui,
N’a pas daigné s’ouvrir pour se plaindre de lui ?
Ah ! que je crains, Madame, un calme si funeste,
Et qu’il vaudrait bien mieux…
Hermione
Fais-tu venir Oreste ?
Cléone
Il vient, Madame, il vient, et vous pouvez juger
Que bientôt à vos pieds il allait se ranger;
Prêt à servir toujours sans espoir de salaire,
Vos yeux ne sont que trop assurés de lui plaire.
Mais il entre.
La pièce de Théâtre Andromaque par Jean Racine.